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Sargasses, un début de réponse pour les riverains du François

Ce quartier situé en fond de baie, face aux îlets du François est l’un des plus impactés depuis plusieurs années par les échouages et l’un des plus inaccessibles en termes de ramassage. Suite au plan lancé par le préfet début mai (voir plan d’urgence sargasses), une bande passante a été aménagée en front de mer pour permettre aux engins d’accéder aux algues en décomposition.

 

 

 

La sous-préfète du Marin, Corinne Blanchot-Prosper, est venue le 24 mai dernier, assister au premier ramassage d’algues, tant attendu par les riverains excédés (voir témoignages).

Martinique 2030 : Ou seront stockées les algues que l’on ramasse ici ? 

Corinne Blanchot-Prosper : La Ville a un site de stockage près des services techniques, mais lorsque les algues sont plus fraîches, l’entreprise Holdex qui est situé au François,  les récupère (voir article valorisation). Il y a donc deux possibilités pour le François.

M2030 : Les arrivages de ces dernières années n’avaient jamais impacté les îlets du François autant que cette année. Or, là ils ont été touchés et c’est une zone de forte activité touristique. Est-ce que quelque chose est prévu pour les nettoyer ?

Corinne Blanchot-Prosper : Je ne peux pas vous dire, parce qu’on travaille avec les mairies et le plan d’intervention est dans les mains des mairies. Bien sûr nous les accompagnons et nous sommes sur le terrain à leur côté. Les sites impactés sont très nombreux. La priorité a été donnée aux sites habités même si nous sommes très conscients que les sites touristiques doivent être pris en compte aussi, comme la Pointe Faula, la Ville de Sainte Anne s’est beaucoup investie sur l’Anse Michel. Mais sur les îlets du François, il n’y a pas encore de plan d’intervention car nous avons encore à travailler sur le littoral habité.

M2030 : Avez-vous pu avancer sur les dispositifs pour arrêter les algues avant les échouages, barrages flottants, engins chiquetailleurs ou ramasseurs en mer ?

Corinne Blanchot-Prosper : Tout cela, c’est vrai, on en entend beaucoup parler mais ce sont des engins encore en cours d’évaluation comme en Guadeloupe. L’ADEME travaille sur les deux îles, on a une analyse globale. Concernant les barrages, ils sont testés actuellement au Marigot et au Robert et il y a un projet au Diamant  que nous allons examiner avec le Maire, en lien avec la Direction de la Mer. Ça peut être une solution soit pour arrêter les algues, soit pour les dévier et les amener sur un site où elles pourraient être ramassées facilement.

M2030 : Le Préfet a assuré que les algues seraient dorénavant ramassées avant leur dégradation autant que possible.

Corinne Blanchot-Prosper : Oui, en fait c’est la configuration des sites qui rend la réactivité compliquée. La Ville du François n’a que des sites compliqués et on ne peut pas agir partout à la fois. Vous avez vu qu’ici pour pouvoir intervenir il a fallu d’abord aménager une bande de roulement. Il y a un deuxième site d’intervention actuellement au François, le quartier Presqu’Île avec la pelle prêtée par la Ville du Lamentin, il est important de souligner le partenariat intercommunal.

M2030 : Sur les populations fortement impactées comme ici, avec des taux très importants de H2S, jusqu’à 5 ppm, a-t-il été question d’évacuer les populations trop exposées ?

Corinne Blanchot-Prosper : Alors non, il n’en a pas encore été question puisque ces taux sont quand même des valeurs seuils qui ont été fixés par la Haute Autorité Sanitaire. 5 ppm, ça ne veut pas dire qu’on a un risque permanent sur la santé mais c’est un seuil important et en plus les nuisances olfactives ont lieu avant d’atteindre ces seuils. On met ce seuil en action de façon tout à fait prioritaire ; c’est la raison pour laquelle on a mis sur ce site quelque chose d’important avec cette bande de roulement pour pouvoir accéder aux algues. Ce site, dans mon arrondissement était le plus impacté et le plus prioritaire. Il fallait trouver les modalités d’intervention.

M2030 : Pourquoi la population et l’opinion publique en général à l’impression que les autorités ont mis longtemps à réagir et à se rendre compte de l’importance de ce fléau ?

Corinne Blanchot-Prosper : Les arrivages sont forts depuis 2018, il y en a eu également auparavant puis plus rien pendant deux ans…Sans doute que nous n’avons peut-être pas fait assez de prospective à l’époque, pour se dire si ça revient comment va-t-on agir ? Aujourd’hui, on a pris ce problème davantage à bras le corps en disant c’est un phénomène naturel certes, il arrive de façon massive en 2018, mais on peut penser que ça arrivera à nouveau. C’est ce qu’on s’est dit pour Frégate, cette bande roulante va peut-être servir à l’avenir aussi, ça vaut le coût d’investir.

M2030 : Le Préfet a parlé d’une conférence internationale à ce sujet.

Corinne Blanchot-Prosper : Oui, le préfet de la Martinique qui est Préfet de zone a été mandaté par le gouvernement pour organiser une conférence Caraïbe élargie. Tout un travail préparatoire est en cours pour une conférence en octobre. Il est très important de voir comment les autres pays de la Caraïbe sont impactés et comment ils réagissent et quels sont les moyens mis en œuvre. L’idée est aussi de capitaliser les connaissances et les moyens d’intervention. D’ailleurs, l’ADEME a mandaté son cabinet pour aller voir ce qui est réalisé en République Dominicaine, pour voir si ce système peut être efficace et nous convenir. Il faut que nous ayons un regard qui dépasse l’île.

M2030 : Et puis un regard sur les causes aussi ?

Corinne Blanchot-Prosper : Alors bien sûr, c’est le niveau national qui s’en occupe et s’en préoccupe. Les causes sont sans doute multiples mais je laisse les experts approfondir pour travailler à la fois sur les causes et aussi comment on pourrait agir en amont.

Propos recueillis par Nathalie Laulé

 

Lire aussi les mesures effectuées par Madinin’Air dans ce quartier sous ce lien:

Spatialisation des concentrations en hydrogène sulfuré dans le quartier Frégate EST – Madininair(1)

 

 

 

 

 

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