Le moqueur des savanes – Histoire d’une reproduction
Le moqueur des savanes (Mimus gilvus) est également appelé grive des savanes. Son nom anglais est tropical mockingbird. Son nom espagnol est paraulata llanera. Il fait partie de la famille des Mimidés.
Description :
Il mesure entre 22 et 24 cm. La face supérieure est grisâtre, la face inférieure blanchâtre, avec la poitrine et les côtés tachetés de brun. Les ailes sont gris noirâtre. Il faut noter la présence d’une petite raie sourcilière blanche. La queue est longue et brun noir, les pattes et le bec sont noirâtres. Le bec légèrement courbe est doté de vibrisses. Les deux sexes sont semblables.
Alimentation :
Il se nourrit de baies, d’insectes, de petits reptiles (jeunes anolis).
Aire de répartition et habitat :
Il est présent dans les Petites Antilles, à partir de la Guadeloupe et dépendances, et jusqu’à la côte Nord de l’Amérique du Sud, ainsi qu’en Amérique Centrale.
Reproduction :
Nous avons observé une séquence de reproduction, décrite ci-après. Tout d’abord un nid dans un petit palmier, à environ 1,5 mètres de hauteur. Le nid était fait de petits branchages, de plus en plus fins à mesure qu’on se rapprochait du centre. Le centre lui-même était fait de fines brindilles, assemblées pour former comme un petit bol très doux.
Le 15 mai 2018 nous avons observé un premier œuf dans le nid, puis le surlendemain, le 17, un deuxième. Les œufs étaient bleus, tachetés de brun roux.
L’un des deux parents était bagué. Les deux parents venaient régulièrement auprès du nid, mais nous avons vu un seul couver, celui qui était bagué. Nous avons supposé qu’il s’agissait de la femelle. La couvaison a duré jusqu’au 29 mai 2018. Pendant cette période le nid a été défendu âprement à chaque fois que d’autres oiseaux se sont approchés très près.
Ainsi une tourterelle à queue carrée (Zenaida aurita) a été prise à partie par les deux parents, en attaque concertée, et mise en fuite.
De même un pugilat de merles (Quiscalus lugubris) autour du nid a fait l’objet d’attaques très ‘’musclées’’ et bruyantes de la part du parent présent près du nid.
Le 29 mai 2018 a eu lieu la première éclosion. Nous avons remarqué qu’il n’y avait aucun débris d’œuf dans le nid, ni alentour. Nous avons supposé que les parents les avaient emportés à distance du nid, pour ne pas attirer un prédateur (chien, chat, mangouste).
Le lendemain, soit le 30 mai 2018, a eu lieu la deuxième éclosion. Les débris d’œuf ont été éliminés de la même façon.
Le nourrissage a commencé aussitôt, effectué par les deux parents. Il était composé en général de petits insectes, surtout de petites chenilles au début, ou de très jeunes anolis. Les petits ouvraient un large bec dont l’intérieur était jaune d’or.
Nous avons assisté à l’épisode du sac fécal, destiné à l’élimination des excréments. En effet si les excréments restent dans le nid cela peut attirer des parasites, des prédateurs, et/ou des maladies. Lors de l’expulsion les excréments sont donc enrobés dans une petite boule gélatineuse, appelée sac fécal, qui rappelle une couche de bébé.
Les parents s’emparent du sac fécal, et vont soit le consommer soit l’emporter hors du nid.
En effet au début les systèmes digestifs des petits ne sont pas encore bien au point, les excréments contiennent donc encore des éléments nutritifs, et les parents ne vont rien en perdre.
Plus tard lorsque les tubes digestifs fonctionnent correctement les excréments ne contiennent plus aucun élément nutritif, et les parents vont les jeter loin du nid.
Nous avons observé que le mâle s’en allait aussitôt après le nourrissage. La femelle restait un moment, il semble qu’elle faisait du nettoyage, puis restait un moment dans le nid, confortablement installée, sans doute pour réchauffer les petits.
Dans la semaine du 4 au 8 juin 2018 nous avons pu observer les petits dans le nid. Ils avaient bien grandi, et étaient déjà capables de sortir du nid. Ils se couvraient de plumes. A ce stade cependant ils n’étaient pas encore capables de voler.
Le 9 juin 2018 nous avons constaté qu’il y avait un seul petit dans le nid. Nous avons supposé que l’autre était tombé du nid. Nos recherches autour du nid n’ont rien donné. Nous avons supposé qu’il avait servi de repas à un prédateur.
Le 13 juin 2018 le petit restant n’était plus dans le nid, nous l’avons trouvé près du nid et l’avons remis en place. Nous avons observé qu’après cela les parents continuaient le nourrissage.
Le 15 juin 2018 nous avons constaté qu’il n’y avait personne dans le nid, nos recherches autour du nid n’ont rien donné. Nous avons supposé que le petit avait quitté le nid, guidé par ses parents.
Il y a donc eu 17 jours entre la première éclosion et ce départ supposé.
Particularités :
Parmi nos passereaux résidents le moqueur des savanes est celui dont le chant présente le plus de variations.
Statut et menaces :
Le moqueur des savanes est protégé en MARTINIQUE, c’est-à-dire que sont interdits la destruction ou l’enlèvement, la mutilation, la naturalisation ou, qu’ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente ou leur achat.
Le moqueur des savanes est menacé par les pesticides et métaux lourds ingérés par ses proies, insectes et petits reptiles. Ces produits toxiques vont notamment fragiliser la coquille des œufs.
Texte et crédit photos : Roland MARRAUD des GROTTES de la SEPANMAR
Bibliographie :
- Révérend Père Robert PINCHON : Faune des Antilles françaises – Les oiseaux – 2ème édition 1976
- Edouard BENITO-ESPINAL et Patricia HAUCASTEL : Les oiseaux des Antilles et leur nid – Petites et Grandes Antilles – 2003
- Herbert RAFFAELE – James WILEY – Orlando GARRIDO – Allan KEITH – Janis RAFFAELE : – Birds of the West Indies – 2003
- David ALLEN SIBLEY : Le guide SIBLEY des oiseaux de l’Est de l’AMERIQUE du NORD – 2006
- National Geographic : Guide d’identification des oiseaux de l’Amérique du Nord – 3ème édition – 2002
- WIKIPEDIA
- Site internet : oiseaux.net
- Site internet : zoom-nature.fr
- Site internet : oiseaux-birds.com/fiche-pelican-brun.html
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