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Le plan d’urgence sargasses du gouvernement

Le gouvernement prend des mesures d’urgence devant l’ampleur du phénomène

Vendredi 4 mai dernier, Franck Robine, le préfet de la zone de défense Antilles et Préfet de Martinique a présenté un plan d’intervention d’urgence en 20 points pour faire face au fléau Sargasses qui ne fait que s’amplifier. Les observations satellitaires ont montré une nouvelle arrivée massive de l’algue brune dans les prochains jours sur nos côtes. Le préfet a fixé un objectif de ramassage au maximum 48h après les échouages, seule mesure pour l’instant, capable de limiter les impacts sur l’environnement et la santé publique.

C’est dans la salle opérationnelle du phénomène Sargasses de la préfecture que le préfet avait invité les autorités et responsables des différents services de l’Etat et du Territoire à présenter le nouveau dispositif d’urgence contre les Sargasses. « Des mesures globales de grande ampleur pour agir dans la durée » qui devraient être mises en œuvre de façon coordonnée par tous les services: Mairies, Armée (RSMA), Pompiers, Sécurité Civile, Agence Régionale de Santé, avec le renfort des travaux d’intérêts généraux et avec des moyens accrus puisque l’Etat débloque un nouveau fond de 3 millions d’euros pour l’acquisition d’engins de ramassage adaptés et de tenues de protection….Une mission d’assistance de la sécurité civile (MASC) est dépêchée aux Antilles pour appuyer les activités de ramassage.

Le préfet prône l’anticipation, la réactivité et fixe l’objectif d’intervention au maximum 48h après les échouages…

Pour cela une nouvelle organisation se met en place avec la nomination d’un responsable national chargé de la rédaction d’un plan de lutte contre le phénomène, décliné sur chaque territoire en « plan d’urgence local sargasses » (PULSAR),  et un pilotage de l’ensemble des ministères concernés. Le préfet chargé de la mise en place et de la coordination de ce plan avec les préfets de Guyane et de Guadeloupe veut « réagir vite et efficacement ». Il a multiplié les visites sur le terrain et a pu constater la diversité des points d’échouage qui demandent chacun une méthodologie particulière. 24 points d’échouages massifs ont été répertoriés dont certains difficiles d’accès pour les engins. Le préfet préconise des interventions adaptées « il faut faire dans la dentelle » a-t-il dit, c’est-à-dire pratiquement au cas par cas et pour cela il compte sur la mobilisation des maires et des habitants. Il a parlé d’une « sorte de contrat » entre les maires et l’Etat, les réunions en commune se multiplient ces jours-ci,  pour faire face de manière plus concertée et mieux adaptée.

Cette montée en puissance des interventions doit s’appuyer sur une capacité d’anticipation et donc de renseignement accrue. La surveillance satellitaire est renforcée ainsi que la surveillance aérienne avec la participation des hélicoptères de la sécurité civile et des douanes. Là aussi le but est d’aller plus vite pour préparer l’enlèvement des Sargasses. Car, le problème réside surtout dans la dégradation des algues échouées sur le littoral puisqu’elle dégage à ce moment-là, de l’hydrogène sulfuré (H2S) un gaz neurotoxique qui affecte la population impactée et les écosystèmes.

« Etre capable de ramasser les Sargasses lors d’un échouage en 24 ou 48h, pour collecter avant que les algues ne se décomposent et produisent de l’hydrogène sulfuré »

Cet objectif annoncé par l’Etat fait suite à de multiples plaintes et pétitions des riverains concernés qui ont jusqu’ici l’impression d’être abandonnés à leur sort. Le préfet a indiqué « Ces mesures répondent à un sentiment très vif d’inquiétude de la part des populations ». Le phénomène qui a démarré en 2011, avec un pic en 2017 est à présent ininterrompu depuis décembre dernier et la plupart des îles des Antilles sont concernées, avec un fort impact sur la santé des populations et sur l’économie touristique. Et selon les connaissances actuelles le phénomène ne semble pas vouloir s’atténuer.

Le préfet a annoncé à ce sujet un ensemble de mesures visant à mieux comprendre les causes du phénomène et à rechercher des solutions. Ainsi, l’ADEME lance un nouvel appel à projet, avec une enveloppe de 1 million d’euros, pour le ramassage et la valorisation des algues. Les différents instituts de recherche devraient poursuivre leurs investigations, notamment sur les process de valorisation, comme les dispositifs de compostage qui existe déjà en Martinique. Des recherches sont également en cours sur le ramassage en mer. Et une conférence internationale devrait se pencher sur les réelles causes du fléau. Il y a en effet, de fortes présomptions, sur l’incidence des différents fleuves africains et brésiliens chargés de matières organiques (engrais, pesticides) qui auraient nourri la Sargasse et auraient contribué à son développement au sud des Antilles.

Pour l’heure, Madinin’Air, l’Agence Régionale de Santé et des médecins sentinelles sont chargés des mesures de H2S et de la surveillance de l’impact de ce gaz sur la santé des riverains. Le préfet a indiqué « Nous sommes conscients de nos responsabilités vis-à-vis des populations. ». Pour l’instant l’état des recherches ne permet pas de connaître l’impact d’une exposition chronique au gaz H2S, principal sujet d’inquiétude des riverains soumis à son exposition quasi permanente depuis 6 mois. Autre sujet brûlant pour les autorités, l’état de catastrophe naturelle que l’Etat ne veut pas prononcer, certainement en raison de la désormais constance du phénomène et que les habitants pourtant demandent. Les conséquences matérielles de l’exposition à ce gaz sont phénoménales et les riverains dépensent des milliers d’euros à changer leur matériel électrique, électronique et à nettoyer leur habitat impacté par la corrosion. A ce sujet, le préfet a annoncé une réunion à Bercy entre le ministère des finances et les assureurs.

« Tout indique que ce qui arrive est un phénomène de très grande ampleur !»

Cet avertissement lancé par le préfet ne fait que confirmer ce que les gens de bord de mer savent et endurent déjà depuis plusieurs mois. Seront-ils rassurés par la volonté affichée des autorités d’agir à présent de façon massive devant la menace sanitaire que représente ce fléau ?  Le préfet a conclu  « Il y aura une montée en puissance des interventions. L’horizon que je me fixe est le mois de mai compte tenu de ce qu’endurent les riverains ».

Nathalie Laulé

 

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