Pour le moment, aucune étude n’a permit de confirmer la raison de cette nouvelle trajectoire des algues sargasses et ces échouages massifs dans la Caraïbe. Les premières hypothèses ont été émises en 2011 et ont progressé avec l’acquisition de données nouvelles (2). Différentes explications sont proposées par la communauté scientifique.
Modification des courants océaniques
Une des hypothèses de cette augmentation importante de sargasses dans l’arc antillais vient du fait que pour différentes raisons, les courants océaniques subissent des modifications et induiraient un détachement plus important d’algues de la mer des sargasses, qui finiraient leur course dans la Caraïbe (2).
Fuite de pétrole dans le golfe du Mexique et déversement de dispersant
En 2010, un an avant les premiers arrivages massifs de sargasses dans l’arc antillais, survenait l’incident de «Deepwater Horizon». Les dispersants utilisés pour lutter contre la marée noire induite par l’explosion de la plate-forme pétrolière, auraient augmenté le taux de nutriments, ce qui aurait à son tour provoqué la prolifération des sargasses. Les algues auraient par la suite voyagé jusqu’à l’arc antillais par le biais des courants. Cette possibilité n’a pas été prouvée et demeure une hypothèse (2).
La petite mer des sargasses
La cause la plus plausible serait la formation d’une nouvelle «petite mer des sargasses» dans la région nord brésilienne, qui a pu être observée par images satellites (2). La création de cette récente accumulation et prolifération serait due à deux paramètres.
Une quantité importante de nutriments favorables aux algues sargasses se serait accumulée dans la région de recirculation nord équatorial (NERR – North Equatorial Recirculation Region) localisée entre le Brésil et l’Afrique (2). Les rivières Congo, Amazone et Orénoque, en plus des poussières provenant du désert du Sahara, auraient contribué à l’accumulation de ces éléments nutritifs dans cette zone (6).
En 2010, des conditions climatiques irrégulières auraient pu favoriser la formation de cette «petite mer des sargasses». La basse pression atmosphérique au niveau des îles portugaises des Açores a eu pour effets de diminuer la force des vents provenant de l’ouest, de modérer la fréquence des tempêtes sur l’océan Atlantique et de réchauffer l’eau océanique de la NERR. Celle-ci aurait été moins tumultueuse, ce qui aurait privilégié l’accumulation d’éléments nutritifs à cet endroit, favorisant ainsi la prolifération des algues sargasses (2).
En conclusion
Suite aux études menées par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), les scientifiques croient que ce nouveau phénomène d’arrivages massifs d’algues sargasses dans l’arc antillais pourrait être le résultat du réchauffement planétaire et qu’il perdurera dans les années à venir (7).
Mariska Desmarquis
Références
1- Agence Nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail (ANSES), 2017. Expositions aux émanations d’algues sargasses en décomposition au Antilles et en Guyane. [PDF en ligne] : https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2015SA0225Ra.pdf Page consultée le 27 mars 2018.
2- FLORENNE, T. et al., 2016. Le phénomène d’échouage des sargasses dans les Antilles et en Guyane. Gouvernement Français. [PDF en ligne] : http://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/documents/cgedd/010345-01_rapport.pdf Page consultée le 27 mars 2018.
3- Institue Français de la Mer Comité Toulon Provence Corse, 2016. Les algues sargasses : fléau ou opportunité. [PDF en ligne] : http://www.ifmer.org/assets/documents/files/documents_ifm/Les-algues-sargasses.pdf Page consulté le 27 mars 2018.
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