Métier encore mal connu, le facilitateur visuel est en quelque sorte un scribe moderne travaillant sur tablette numérique… Son rôle est de faciliter la compréhension d’un concept en faisant appel à l’intelligence visuelle. Le martiniquais Philippe Rilos, officiant dans cette nouvelle pratique se désigne, lui-même comme un jardinier du collaboratif. Il nous initie ici aux rudiments du métier dans une vison éthique et spirituelle particulière qu’il doit à son appartenance Rasta.
RENCONTRE
Martinique 2030: Parlez-nous de ce nouveau métier, dans quel contexte est-il utilisé ?
Philippe Rilos : Lao Tseu disait qu’une une image vaut mille mots, c’est tout à fait ça. En utilisant des images et des symboles, on aide à comprendre un mode de fonctionnement, à raconter une histoire en la mettant en scène… C’est une pratique nouvelle mais un processus ancien puisque les scribes l’utilisaient déjà en synthétisant et donnant à voir ce qu’ils recueillaient comme informations. Moi je travaille sur tablette numérique mais c’est le même travail, je suis un scribe moderne. Le rôle de la facilitation visuelle est de faciliter la compréhension d’un problème, d’un concept. Elle est utilisée partout où on sollicite l’intelligence collective comme dans les séminaires, les conférences, les réunions d’entreprises. C’est une tendance ces dernières années dans les grandes entreprises, on l’utilise dans le marketing et le management d’entreprise pour synthétiser et illustrer tout ce qui émerge d’une réflexion collective, pour permettre aux entreprises de s’adapter à un monde en perpétuel changement.
La facilitation visuelle repose sur l’écoute profonde, c’est parce que j’écoute que je suis capable de restituer. J’ai appris à m’écouter, à écouter l’autre, à être attentif alors qu’on vit dans un monde où la tendance est d’imposer ses idées. Là, c’est une autre voie.
M2030 : Et à qui cela s’adresse-t-il ?
Philippe Rilos : La pratique est accessible à tous parce qu’elle fait appel à l’intelligence visuelle qui est disponible pour tout un chacun. En fait, on s’adresse à l’enfant intérieur, dans la société on l’utilise en permanence mais on ne s’en rend pas compte. Le code de la route, par exemple, utilise cette technique, le stop, le feu rouge, sont des représentations visuelles d’un concept . Tout est symbole, mais on a l’habitude de privilégier l’écriture alors que la facilitation visuelle lie le mot au symbole et raconte une histoire pour faciliter la compréhension.
Lorsqu’on est petit on nous dit que la curiosité est un vilain défaut mais c’est faux ! Soyez curieux, c’est une belle qualité, soyez audacieux, ça permet aussi de pouvoir raconter de nouvelles histoires…On en besoin aujourd’hui de ces nouvelles histoires, celles qu’on est en train d’écrire aujourd’hui ensemble parce qu’il faut réenchanter l’histoire, réenchanter le monde…
M2030: Comment cela s’apprend-il, faut-il un don en particulier ?
Philippe Rilos : Je suis aussi formateur, à chaque fois mes stagiaires disent ne pas savoir dessiner. En réalité, c’est une croyance limitante puisqu’on acquiert ça à partir de l’âge de sept ans, tout le monde sait dessiner. Mais, on s’arrête de dessiner à un moment et ensuite on est persuadé que celui qui dessine possède un don. Ce que je pratique s’appelle le « Learning by doing », plus je fais, plus j’apprends et ce que je fais s’améliore en le faisant. Ce talent est un talent à redécouvrir en soi et à nourrir, il n’y a pas de baguette magique il faut faire…Cela apprend le gout de l’effort, accorder du temps et de l’attention à une discipline, accueillir l’effort comme quelque chose qui va donner du résultat. Je n’ai pas fait d’école d’art mais aujourd’hui on me paye pour dessiner ! Je suis devenu facilitateur visuel par la transformation naturelle de tout ce que j’avais glané dans mon parcours…D’ailleurs, je ne travaille pas je m’épanoui !
M2030: Qui sont vos clients ?
Philippe Rilos : Les ministères, les entreprises du Cac 40 qui organisent des évènements en interne. De plus en plus de PME, des institutions, le monde politique aussi, beaucoup de cadres supérieurs qui passent de l’entreprise à la politique. Je suis rentré en Martinique pour donner une formation au sein du CNFPT, l’organisme qui forme les fonctionnaires du territoire. J’ai partagé les clés de la pratique. J’accompagne aussi des rencontres territoriales Antilles Guyane… Quand je reviens au pays, c’est pour partager ce que j’ai appris au niveau de la stratégie d’entreprise en Europe, je me mets au service de la Martinique.
Propos recueillis par Nathalie Laulé
Contact Philippe RILOS alias KONGOMAN,
rilos. philippe@gmail.com
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