L’espace de co-working collaboratif Be Jungle, lauréat de l’appel à projet du ministère des outre-mer dans le cadre de l’ESS, ouvrira officiellement ses portes en ce début d’année. Martinique 2030 s’est rendu sur lieux afin de discuter avec Thierry LÉONARD , porteur du projet. Interview.
Comment t’es venue l’idée de créer un espace de co-working collaboratif ?
Thierry et son associé Jean-Baptiste
J’ai débuté mes études dans le domaine de l’agriculture en Martinique, puis en Guadeloupe. Les problématiques auxquelles j’ai été confrontées dans ce milieu m’ont apporté une vision des choses différente. Que ce soit en lien avec les questions environnementales ou de santé, j’ai compris qu’il y avait des solutions alternatives aux pratiques actuelles. À l’issu de ça, j’ai poursuivi mes études en métropole dans le secteur du développement durable, de l’écologie et surtout des énergies renouvelables, plus précisément sur le bio-gaz. Tout ça, dans une démarche d’économie circulaire, m’a ouvert les yeux sur l’échange, la collaboration et le partage avec différentes structures, afin d’apporter des solutions durables, économiques, et environnementales. C’est à ce moment que j’ai eu la volonté de revenir au pays pour travailler sur ce sujet, parce que j’ai senti qu’il y avait des solutions à apporter. J’ai rencontré Jean-Baptiste, mon associé actuel, avec qui j’ai la même vision des choses. Avec d’autres personnes, on a eu l’idée de créer un espace de co-working collaboratif. Ce qui nous a poussé à le faire, c’est l’envi d’entreprendre et aussi parce qu’on avait pas de lieu pour nous accueillir afin de travailler sur ces sujets.
Le co-working collaboratif, c’est quoi ?
Il y a toujours eu une place importante dans une ville lorsqu’elle se construit, c’est la place public. C’est l’endroit ou les gens se rassemblaient, manifestaient et partageaient. Un espace de co-working ou un espace collaboratif, c’est un lieu où les gens peuvent se retrouver et construire des choses et des idées adaptées à notre civilisation. Ma vision d’un espace de co-working c’est des rencontres, des moments de partage et de créativité. Moi j’arrive ici le matin, je travaille, mais a un moment j’ai envie d’arroser quelques plantes, de bricoler, de discuter avec quelqu’un et souvent, c’est dans ces moments là que je trouve les meilleures idées.
Comment a débuté le projet ?
Le premier déclic du projet en termes de faisabilité s’est fait lorsque qu’on a trouvé ce local. Nous sommes situés dans un lieu prioritaire, avec un public de proximité, dans le quartier Sainte-Thérèse de Fort-de-France, la commune qui est au centre de la Martinique et qui est un point stratégique et accessible pour les personnes qui n’ont pas de moyen de déplacement. Cela nous a permis de nous projeter dans l’avenir. La première structure qu’on a contacté, c’est la mairie de Fort-de-France. C’est là qu’on a su qu’il y avait la possibilité de se faire financer par le contrat de ville. Grâce à ça, on a pu avoir les premiers financements qui nous ont permis de garantir les premières dépenses.
Le mobilier est très original …
Comme on peut voir, on a voulu faire ressortir l’aspect éco-responsable dans le choix du mobilier. Nous avons construit la plupart des meubles à partir de matériaux recyclés. L’intérêt est de montrer qu’à parti de rien on peut faire des choses. C’est très économique et gratifiant.
Pourquoi avoir choisi le nom «Be Jungle» ?
Lors des premières séances de travail, on a fait cette réflexion sur le nom de l’espace pour faire ressentir le noyau, l’essentiel du projet. Dans tous ces mots, il y a la ruche et la jungle qui sont ressortis. Mon père était apiculteur et ça m’a toujours fasciné de voir comment les abeilles travaillent en collaboration. Ce sont des insectes très organisés, ne serait-ce que sur l’aspect visuel de leur habitat, la ruche. Jean-Baptiste a aussi été interpellé par la ruche parce qu’il est graphiste-désigner. Pour lui ça avait beaucoup de sens de représenter cette image dans l’identité du projet. Pour ce qui est du mot «jungle», c’est assez étonnant, parce qu’au premier abord, la jungle est sauvage, abstraite et fonctionne par elle même. Il n’y a pas d’organisation et on peut même y déceler quelque chose d’hostile et de dangereux pour ceux qui ne la connaissent pas. Cette image nous a semblé intéressante pour représenter le monde du travail, qui pour certains, peut paraître comme une jungle. Quand on est novice, on se demande par ou commencer, mais dans la réalité, tout le monde trouve sa place. Si il manque quelqu’un, tout le système peut être perturbé et c’est exactement ce qui se passe dans la nature. «Be Jungle», qui se traduit «soit la jungle», démontre l’affirmation d’une volonté à s’aventurer dans le monde entrepreneurial.
Qui sont les personnes cibles ?
La personne cible est celle qui a envie de se découvrir dans le monde du travail. On a une idée, un projet, un rêve et on ne sait pas comment si prendre. Il y a toujours une solution et pour la trouver il faut puiser au fond de soit même. On découvre aussi cette solution au travers d’échanges avec les autres. Tout seul on peut passer à côté de certaines choses et je crois en une communauté qui soit épanouie dans ces valeurs.
Les gens du quartier sont très positifs à ce qu’on existe. Nous sommes allés la rencontre de jeunes en face de chez-nous, qui au premier abord peuvent paraître hostiles pour certains, mais dans l’échange, ce sont des personnes qui ont aussi des projets. Ce qui m’a intéressé c’est de voir que la personne qui peut sembler avoir abandonné son avenir, dans le fond, elle a toujours l’envie de faire quelque chose de constructif.
Comment ça fonctionne ?
Si on est à distance, il y a la possibilité réserver sur le site internet. On a mis a disposition toutes les formules. Que ce soit pour faire du co-working, louer une salle de réunion ou même pour s’inscrire aux événements qu’on va mettre en place. Si on arrive ponctuellement, il y a une personne en charge qui va vous recevoir et qui sera à l’écoute de vos besoins. Une journée d’inauguration est prévue pour annoncer le démarrage officiel de nos activités. Actuellement nous ouvrons uniquement sur réservation. Nous donnons la possibilité de se connecter à internet, imprimer un document, avoir une salle de réunion ou venir discuter autour d’un café.
Avez-vous des projets futurs ?
En tant qu’espace collaboratif on souhaite avoir une image irréprochable sur la responsabilité environnementale. Avoir une consommation verte, respectueuse et aussi dans la gestion des déchets. On souhaiterait utiliser les énergies renouvelables pour notre consommation énergétique en installant des panneaux photovoltaïques sur notre terrasse pour en faire une pergola. Par la suite nous aimerions avoir un jardin, sinon une toiture végétalisée qui nous permettrait de planter des herbes médicinales et d’avoir un petit potager. L’idée c’est de promouvoir l’accessibilité à ce type de produits et de sensibiliser la population à un fonctionnement éco-responsable et sain.
Mariska Desmarquis
Site internet : www.bejungle.org
Facebook : bejungle972
Contact : contact@bejungle.org
Téléphone fixe : 09 76 61 17 21
Portable : 06 96 53 07 22
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