« EXCELLENCE » ET « PERTINENCE » À l’EPREUVE DE LA PANDÉMIE DE COVID-19
Xavier Maurange (XM) : Monsieur Guy Claireaux, vous êtes originaire de Saint-Pierre-et-Miquelon, Professeur à l’Université de Bretagne Occidentale, chercheur en biologie marine, et vous avez été membre de l’EPUM (Equipe Projets UltraMarins) dans le cadre des Assises des Outre-mer.
Monsieur Pascal Saffache, vous êtes Martiniquais, Professeur à l’Université des Antilles, et vous avez présidé l’Université des Antilles et de la Guyane de 2009 à 2012. Vos travaux de recherche traitent de l’environnement et de l’aménagement des espaces micro-insulaires.
Monsieur Raymond-Julien Pamphile, vous êtes originaire de la Martinique, Conseiller Scientifique pour les Partenariats Institutionnels auprès du Directeur du Centre de Recherche de l’Institut Curie. Vous avez été Secrétaire Général du Haut Conseil de la Science et de la Technologie présidé par Jean Jouzel de 2009 à 2013. Vous êtes l’un des membres de la mission interministérielle chargée de la préfiguration des « plateformes de recherche » envisagées à la suite des Assises des Outre-mer.
Tous les trois, vous prônez une « réconciliation » entre excellence scientifique et pertinence, en Outre-mer. Pouvez-vous nous en dire plus et en particulier nous présenter les fondements de vos recommandations ?
La science moderne est essentiellement tournée vers l’acquisition de savoirs et de développements technologiques innovants. La recherche scientifique s’accompagne d’une très forte exigence de qualité. Malgré les évolutions progressives apportées notamment par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur et par l’Agence nationale de la recherche, l’évaluation des chercheurs et de leurs structures reste essentiellement quantitative : le nombre de publications dans des journaux à comité de lecture, de communications dans des congrès internationaux et de brevets constitue le principal maître étalon. Cette recherche porte traditionnellement peu d’attention à la contextualisation des problématiques qu’elle aborde. Cela a souvent conduit à ne pas valoriser les recherches partant du « terrain » et par conséquent à négliger ou à minimiser les opportunités en termes de progrès social et de développement économique, notamment à l’échelle locale. Or, c’est précisément à cette échelle que les besoins des Outre-mer sont les plus prégnants. C’est dans ce contexte que nous plaidons pour un modèle où « excellence » et « pertinence » seraient les deux faces d’une même médaille, celle qui garantirait aux territoires ultramarins d’être à l’avant-garde du développement local et durable pour le bien-être de leurs populations.
Schématiquement, il y a deux approches, chacune ayant sa légitimité. La première est principalement dictée par une démarche d’excellence, définie selon les standards internationaux; ses partisans espèrent que les résultats de leurs travaux profiteront in fine à tous, par ruissellement, mais sans en fixer les échéances.
La seconde, dans la lignée d’Albert Calmette, de Louis Pasteur ou de Marie Curie, est soutenue par les tenants du développement d’une recherche qui, tout en étant elle-même excellente et très exigeante quant à sa démarche intellectuelle et à sa méthode, est également soucieuse des applications possibles de ses travaux au bénéfice des populations. C’est à cette seconde approche que se rattache le concept de pertinence. Ce dernier se construit sur deux idées fortes : d’une part, l’appropriation au niveau local des projets et de leurs objectifs et, d’autre part, la perspective d’un progrès social et économique à échéance raisonnable.
Le pilotage de la première approche est plutôt « centralisé » (jacobin), celui de la seconde plutôt « décentralisé ».
Les nombreuses problématiques spécifiques auxquelles est confronté l’ensemble des Outre-mer nécessitent l’acquisition de connaissances qui ne peuvent émerger de projets de courte durée, conçus dans le cadre d’une approche de type « programmatique » conduite au niveau national ou international. C’est au contraire une approche de type ascendant « bottom-up », s’appuyant sur des propositions émanant des institutions ultramarines compétentes, qui serait la plus idoine. L’ancrage local de la programmation scientifique que nous appelons de nos vœux s’appuie sur le constat qu’il est aujourd’hui très difficile de développer des projets de recherche qui soient pertinents pour les Outre-mer, s’ils n’entrent pas en résonance avec les préoccupations de la recherche nationale ou internationale.
De cette obligation de satisfaire aux objectifs d’appels d’offres mal calibrés pour les Outre-mer, il découle que les Outre-mer sont rarement les donneurs d’ordre, les maîtres d’œuvre des travaux scientifiques qui se déroulent sur leurs territoires. Pourtant, cette appropriation de la recherche en vue d’une coordination efficiente de toutes les parties prenantes ultramarines, devrait favoriser le développement économique des territoires voire en être un des moteurs.
Evidemment, la question du financement des projets de recherche spécifiques à l’Outre-mer se pose de manière sous-jacente. C’est une réalité, ce type de projets rentre très difficilement dans le cadre des appels à projets habituels des agences de financement nationales et internationales et encore moins dans celui des dispositifs tels que le Programme d’Investissements d’Avenir (PIA), hormis, il faut le mentionner, l’appel à manifestations d’intérêt récent dont un volet est spécifique à l’Outre-mer : « Valorisation – Fonds national de valorisation », volet « Plan innovation Outre-mer ». Pour donner un exemple : tout récemment, un appel à projets du PIA 3 avait pour objectif la création d’Ecoles Universitaires de Recherche (EUR). Les universités ultramarines se sont vu reprocher tour à tour une insuffisante taille critique, une trop grande dispersion (géographique et thématique) et donc une hétérogénéité scientifique. Ce sont là, typiquement, des observations qui s’appuient sur les critères de l’excellence. Sans remettre en cause leur fondement, la question est de savoir si, compte tenu de leur évolution actuelle, les Outre-mer seront un jour en mesure de répondre à ces critères.
(XM) : Cette réconciliation est-elle possible ?
Oui, bien sûr, notre argumentation précédente ne serait pas complète si nous ne rappelions pas que la pertinence exige évidemment une science de qualité. Néanmoins, pour revenir à ces deux approches stratégiques que nous venons de présenter, il convient de préciser qu’elles se distinguent non seulement par leurs objectifs, mais également par les critères de performance qu’elles appliquent. Ce sont ces différences qu’il est important de bien percevoir et de prendre en compte, si la recherche scientifique veut participer au développement économique et social des Outre-mer. Pour qu’un projet scientifique satisfasse aux exigences de la pertinence, il faut tout d’abord qu’il soit conçu sur la base d’une réflexion ou de prospectives conduites localement. Il faut ensuite que son suivi et son impact local soient mesurables en s’appuyant sur des indicateurs rigoureux, pertinents et fiables. C’est évidemment cette combinaison d’exigences en termes de qualité, de proximité et de finalité locale qui, selon nous, définit une recherche qui participe de la pertinence.
La réconciliation est donc tout à fait possible !
(XM) : Cette exigence trouve-t-elle dans les Outre-mer une traduction particulière ?
Réconcilier excellence et pertinence prend tout son sens dans les Outre-mer. Les Assises des Outre-mer voulues par le Président de la République ont entraîné une forte mobilisation des ultramarins. Ce réel engagement répond notamment à l’idée que les Outre-mer sont bien des atouts majeurs dans la vision que porte la France dans le monde.
A ce titre, et en raison des remarquables potentiels des Outre-mer – notamment eu égard à leur contribution à la biodiversité mondiale, à la gestion des crises sanitaires qui se succèdent et au positionnement stratégique majeur de la France grâce aux zones économiques exclusives -, la recherche et l’innovation sont des sujets centraux pour ces territoires. L’expertise reconnue d’équipes de recherche et la qualité de certaines plateformes technologiques de pointe font de plusieurs établissements basés dans les Outre-mer des centres d’excellence de recherche académique. En outre, ils offrent souvent des conditions exceptionnelles d’études de phénomènes intriqués et complexes.
Parallèlement, les Outre-mer se trouvant à la charnière de deux mondes dissemblables – pays développés au Nord, pays émergents au Sud – s’inscrivent dans une double appartenance qui est une source d’atouts précieux, mais aussi de faiblesses. Riches d’atouts remarquables (dont l’importance réelle n’a pas encore été totalement mesurée), ils présentent aussi des problématiques spécifiques (éloignement, isolement, situation économique d’une grande fragilité, positionnements institutionnels …). Cela explique que des domaines comme la santé, les ressources naturelles, la dépendance énergétique et alimentaire, la pollution, le climat, trouvent dans les Outre-mer des capacités uniques de recherche et de développement durable avec un écho particulier.
Une stratégie appropriée devrait permettre de combiner excellence et pertinence en trouvant une articulation bénéfique aussi bien pour la recherche fondamentale que pour le développement local. Cet aspect répond à une volonté forte des populations des territoires ultramarins. Leur appropriation de projets cohérents et utiles est un facteur déterminant de leur réussite.
Par ailleurs, selon le « Global Sustainable Development Report » de 2019, tous les pays du monde peuvent être considérés comme étant « en voie de développement durable » et les Outre-mer français devraient-être les lieux privilégiés de rayonnement international et de diplomatie scientifique dans ce domaine.
L’articulation souhaitée entre excellence et pertinence d’une part et cette double appartenance mentionnée ci-dessus d’autre part, pourraient permettre de valoriser ce remarquable atout et faire de ces territoires des pionniers du développement durable. Ils agiraient dans leurs bassins géographiques respectifs, d’une part en établissant de solides programmes de coopération avec les pays les plus avancés ou émergents reconnus pour leur qualité scientifique et, d’autre part, en contribuant au renforcement des capacités des pays les moins avancés de leur voisinage.
(XM) : Votre réflexion trouve-t-elle déjà un écho, une forme de concrétisation ?
Nous devons souligner que notre réflexion ne se veut pas doctrinale. Elle s’inscrit dans un mouvement d’ensemble qui concerne de nombreux champs de la recherche. Ce mouvement a contribué à une prise de conscience générale qui est perceptible grâce à divers signaux infraliminaires dans les domaines universitaire, économique, environnemental, et bien sûr dans le domaine de la santé.
Lors des Rencontres de l’Enseignement Supérieur de la recherche et de l’innovation (RUE 2019) organisées par l’agence de presse spécialisée AEF info en novembre dernier, un cahier regroupant les « 10 Tendances » pour l’ESRI en 2020 a été édité : l’une d’entre elles (Tendance # 3 Paysage de l’ESR) a été spécifiquement intitulée « Face à la métropolisation de l’enseignement supérieur, la valeur territoire remonte ».
De manière plus ciblée sur les Outre-mer, il est intéressant de noter que cet impératif semble avoir été pris en compte. En effet, la mesure 20 du Livre Bleu qui a fait suite aux Assises des Outre-mer a pour objectif : « Une meilleure structuration de la recherche [qui] doit permettre aux Outre-mer de s’affirmer comme des territoires pionniers, à la pointe des objectifs de développement durable et du développement local ». A cet effet, la création d’une « plateforme de recherche » est prévue dans chacun des trois bassins géographiques pour augmenter la structuration, la coordination de la recherche et de la formation, et aussi pour favoriser son rayonnement au niveau régional et au niveau international.
Tout en soutenant la perspective que les Outre-mer deviennent des territoires pionniers dans le domaine de la recherche comme l’envisage le Livre Bleu des Outre-mer, nous sommes intimement convaincus qu’il ne serait pas pertinent, voire même qu’il s’avèrerait déraisonnable, de transposer des stratégies d’un environnement continental à un environnement insulaire ou à un espace continental isolé. Nous souhaitons vivement que ce principe soit l’une des lignes directrices de la conception de ces « plateformes de recherche ».
Les universités ultramarines consultées dans le cadre des Assises des Outre-Mer ont fait connaître cette même préoccupation par l’identification de thématiques prioritaires propres à leurs territoires, comme la santé ou le développement durable des énergies.
Lors de la 6e Conférence Outre-mer organisée le 11 décembre 2019 à l’initiative de l’AFD, de l’IRD , et du CEROM, le Président-directeur général honoraire de l’IRD, le Professeur Jean-Paul Moatti, a souligné : « Face à ces défis (réduction des inégalités, adaptation aux changements climatiques, préservation de la biodiversité), mobiliser la recherche et encourager les initiatives innovantes paraissent indispensables. Il s’agit en effet de faire émerger de nouvelles solutions pour favoriser le développement durable de ces territoires ».
La question d’une meilleure articulation entre activités de recherche et développement (local et durable) en Outre-mer a été analysée au cours de la table ronde intitulée « Comment améliorer les pratiques de la recherche pour renforcer son impact ? » dans laquelle est intervenu le Docteur Raymond Julien Pamphile.
Pour résumer notre propos, le besoin de « réconciliation » entre excellence scientifique et pertinence trouve clairement un écho en Outre-mer. Pour que cette réconciliation soit concrète, il faut que les stratégies nationales s’enrichissent effectivement des réalités des Outre-mer. La réussite de cette démarche implique également la performance de nos universités et le dynamisme des communautés d’acteurs de la recherche locale. Ce constat est en phase avec celui de la Conférence des Présidents d’Université (CPU) qui appelle à une meilleure prise en compte du rôle des universités dans leur territoire.
Dans cette perspective,
- Est-il nécessaire de souligner la nécessité de développer l’attractivité des universités ultramarines ?|
- Le mécanisme classique d’évaluation des UMR qui rend difficile l’accréditation des structures ultramarines doit-il être repensé Tout en respectant l’autonomie des établissements ultramarins, faut-il explorer plus avant la possibilité de labelliser des UMR associant, dans une phase d’émergence, des universités ultramarines à des laboratoires basés dans l’Hexagone soutenus par les organismes de recherche, pour peu que ces universités ultramarines gardent une maîtrise de leur trajectoire conciliant excellence et pertinence ?
- Faut-il réaffirmer la nécessité d’établir ou de renforcer les interactions et les coopérations transversales pan-Outre-mer et avec les territoires situés dans le même environnement géographique ?
L’objectif de ces initiatives serait évidemment la co-conception de projets interdisciplinaires stratégiques permettant d’étudier des problématiques communes à l’échelle d’un bassin géographique, grâce à une approche intégrative de technologies de pointe et à une mutualisation des ressources.
(XM) : Outre ce projet de mise en place de « plateformes de recherche », avez-vous d’autres exemples concrets d’activités de recherche menées en Outre-mer ou susceptibles d’y être menées avec cette réconciliation entre « excellence » et « pertinence » ?
Pour être tout à fait précis, les futures « plateformes de recherche » ne pourront participer à cette réconciliation que si elles s’inscrivent dans le cadre d’une politique volontariste de recherche et d’innovation intégrant les réalités des Outre-mer. Cette intégration implique un dialogue permanent avec toutes les institutions ultramarines ad hoc et l’ensemble des acteurs concernés dans une dynamique de co-construction, y compris l’Académie des sciences d’outre-mer. C’est donc un changement de paradigme que nous appelons de nos vœux, un modèle innovant fondé sur une approche de type « Living Lab » pour le traitement de certaines problématiques.
A n’en pas douter, des projets de recherche portant sur des sujets tels que la santé publique (cancer de la prostate dans le contexte du chlordécone, diabète, obésité, mortalité périnatale, maladies vectorielles émergentes…), l’environnement et la sauvegarde des biens publics mondiaux (maintien de la biodiversité, lutte contre l’échouement des algues sargasses, préservation des récifs coralliens, amélioration de la qualité de l’air et de l’eau, gestion des populations de phoques et de requins blancs…) ou encore le développement d’activités industrielles (pêche, aquaculture, agroalimentaire …) seront contextualisés différemment selon que les études prospectives et de faisabilité seront conduites par les Outre-mer ou à des milliers de kilomètres de ces territoires.
Il est donc impératif d’éviter un total décalage avec les besoins et les attentes exprimés localement. Par exemple, tous les programmes de recherche à venir concernant l’échouement des algues sargasses ou la contamination des sols par le chlordécone, aussi ambitieux et enthousiastes soient-ils, devront constamment être replacés dans le cadre des Outre-mer. Du point de vue méthodologique, il est essentiel que les hypothèses de départ soient soucieuses de prendre en compte les priorités, les histoires locales et, aussi les réalités économiques et sociales des territoires.
Afin de s’assurer que la recherche en Outre-mer soit également de la recherche pour l’Outre-mer, il nous parait en effet indispensable que les liens avec les problématiques locales soient établis dès la conception des projets et qu’ils ne se limitent pas à quelques allégations rédigées à la va-vite, en fin de projet. Pour que la recherche scientifique soit pertinente pour l’Outre-mer, il est donc essentiel qu’une forte participation ultramarine devienne la norme, clé de l’appropriation et de la contribution au développement local. Il nous semble essentiel que cette participation s’inscrive dans un continuum : de la création et du financement de structures de recherche jusqu’à l’évaluation des projets scientifiques, en passant par la rédaction des appels d’offres et des prospectives sur lesquels ils s’appuieront.
Aux retombées positives attendues de cette approche pragmatique, il faut ajouter le formidable essor qu’elle pourrait susciter en matière d’attractivité pour les carrières scientifiques et technologiques auprès des étudiants ultramarins. Ils se verraient ainsi offrir localement des opportunités plus nombreuses de stages et de débouchés professionnels.
(XM): Pourquoi l’épidémie liée au Covid-19 conforte votre conviction ?
Les collectivités d’Outre-mer sont touchées par l’épidémie de Covid-19 avec un décalage dans le temps par rapport à l’Hexagone. Comme beaucoup de pays en développement ou émergents, elles ont été frappées par un choc économique importé avant même que ne se propage le Covid-19 au sein des populations, ne serait-ce que par l’effondrement du secteur touristique. En effet, comme nous l’avons souligné, les Outre-mer sont intimement liés aux pays développés du Nord (et notamment aux Etats européens en qualité de départements ou territoires français) mais s’apparentent à plus d’un titre aux pays en développement du Sud, eu égard à leur PIB, leur environnement géographique, leurs histoires singulières, leurs caractéristiques socio-économiques et démographiques.
Selon les données d’EUROSTAT, le PIB moyen par habitant dans les territoires d’Outre-mer est significativement inférieur à celui de l’Hexagone. Le tissu productif des départements d’Outre-mer est constitué essentiellement de petites, voire de très petites entreprises. Il est associé à un taux de pauvreté et à une précarité nettement plus élevés que dans l’Hexagone. Cette situation socio-économique déjà tendue rend plus délicat la gestion de la crise sanitaire : le confinement dans un habitat précaire est une véritable gageure d’autant plus qu’il entraîne une privation de moyens indirects et fragiles de subsistance, le manque d’accès régulier à l’eau potable rend particulièrement difficile l’application de certaines mesures barrières, le nombre de comorbidités et la coexistence d’autres maladies infectieuses renforcent la tension sur le système sanitaire. De plus, le maintien d’un pont aérien avec l’Hexagone s’avère indispensable pour l’acheminement de matériels de soins et de protection et les évacuations sanitaires sont plus difficiles. Il est donc à craindre que, directement ou indirectement, cette épidémie ait un impact particulièrement sérieux dans les territoires d’Outre-mer.
Cette crise sanitaire majeure souligne, s’il en était besoin, l’extrême fragilité du modèle socio-économique de développement des Outre-mer et donc la nécessité de concevoir un autre paradigme. C’est précisément ce que suggéraient en décembre dernier les intervenants de la table ronde « De la nécessité de repenser le modèle socio-économique de développement des Outre-mer » lors de la 6e Conférence Outre-mer. Cette suggestion est parfaitement en phase avec la Trajectoire 5.0 qui a pour objectif de définir une nouvelle manière de construire (co-construire) les Outre-mer de demain.
Anticiper cette construction des Outre-mer s’impose au moment où nous devons commencer à dessiner les contours du « monde après la crise » (le monde de la refondation ?), dans lequel il faudra notamment un renforcement des stratégies de recherche sur les virus et les vaccins, une coordination entre autorités mondiales, européennes et nationales pour la gestion publique des potentielles pandémies, de nouveaux modes de production, des industries stratégiques relocalisées et soucieuses des normes environnementales.
Remerciements
Les auteurs tiennent à exprimer leur gratitude et leurs vifs remerciements pour les suggestions précieuses et les encouragements que leurs ont apportés :
Véronique Bertile, Maître de conférences en Droit public à l’Université de Bordeaux, Directrice de la Licence en Droit, Ancienne Ambassadrice déléguée à la coopération régionale dans la zone Antilles-Guyane
Michel Boyon, Membre de l’Académie des sciences d’outre-mer, avocat au barreau de Paris, Conseiller d’État honoraire
Bernard Jégou, Directeur de la Recherche de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, Directeur de Recherche Emérite de classe exceptionnelle à l’Inserm, Ancien Président du Conseil scientifique de l’Inserm (2008 – 2012)
Jean Jouzel, Directeur de Recherche au CEA, membre de l’Académie des sciences et du Conseil Economique, Social et Environnemental, Ancien Président du Haut Conseil de la Science et de la Technologie (2009 – 2013), Ancien Vice-président du groupe de travail scientifique du GIEC, organisation co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2007
Gaël Lagadec, Président de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, membre de l’EPUM (Equipe Projets UltraMarins) dans le cadre des Assises des Outre-mer
Pierre Lise, Préfet honoraire, co-organisateur avec Ferdinand Mélin-Soucramanien du colloque « Outre-mer et devise républicaine » (Le Sénat, 2011)
Jean-Paul Moatti, Professeur Emérite Aix-Marseille Université, Ancien Président-directeur général de l’IRD
Robert Picard, Référent Santé du Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGEIET) au Ministère de l’Economie et des Finances
Alain Puisieux, Directeur du Centre de Recherche de l’Institut Curie
Bernard Ramanantsoa, Directeur Général honoraire de HEC Paris, membre de l’EPUM (Equipe Projets UltraMarins) dans le cadre des Assises des Outre-mer
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