Caroline SYLVANIELO, chargée d’études à la FREDON Martinique (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles de la Martinique) depuis plus de 10 ans, travaille actuellement avec son équipe, sur un projet de «Protection Biologique Intégrée» (PBI). Interview.
La Protection Biologique Intégrée, c’est quoi ?
La PBI consiste à mettre en place des stratégies économes en produits phytosanitaires contre des ravageurs précis. Parce que pour la PBI, il est impératif de définir le ravageur, afin de déterminer quelle technique de lutte peut s’appliquer à celui-ci.
Les ravageurs de cultures peuvent aussi être des espèces végétales, mais le présent projet porte sur les insectes ravageurs. Nous utilisons principalement des espèces d’insectes auxiliaires pour lutter contre les ravageurs.
Qu’est-ce qu’un auxiliaire de culture ?
Il y a plusieurs types d’auxiliaires qui vont aider les cultures à mieux se porter. Dans notre cas, il y a les prédateurs qui mangent le ravageur, et les parasitoïdes qui parasitent le ravageur à différents stades (œufs, larves, etc). Il y a les auxiliaires pollinisateurs, mais ce type d’auxiliaire ne concerne pas notre sujet.
Comment a débuté ce projet ?
Le présent projet, qui se termine cette année, a débuté en 2017, et fait suite à une première phase qui s’est déroulé de 2014 à 2016.
Ces deux projets étaient financés dans le cadre du «Plan éco-phyto». Nous avons déposé un dossier, afin de poursuivre le projet au terme de l’année en cours avec d’autres financements. Dans un premier temps, nous aimerions déterminer de quelle façon exploiter les auxiliaires qui ont déjà été mis en place, et développer d’autres auxiliaires pour solutionner d’autres problématiques. Ce n’est pas très compliqué, mais cela nécessite du temps et de nombreux essais.
Quels sont ces ravageurs pour lesquels vous avez trouvé des auxiliaires ?
Lors de la première phase du projet de 2014 à 2016, nous avons travaillé sur l’aleurode du tabac, la pyrale des cucurbitacées et le puceron du melon. En 2017, nous avons poursuivi avec l’aleurode de l’anthurium, la teigne des crucifères et le thrips du melon.
Concrètement, comment cela fonctionne ?
Dans le cadre du projet, nous avons développé des auxiliaires des cultures qui sont les trichogrammes et le chrysope. Les trichogrammes sont des parasitoïdes d’œufs de papillons qui empêchent le développement des chenilles, et le chrysope est un prédateur généraliste.
Nous avons réussi à mettre en place des stratégies utilisant ces auxiliaires pour lutter contre les ravageurs, et aussi des techniques qui utilisent la prophylaxie, qui sont des mesures préventives, telles les plantes relais, et autres techniques de luttes alternatives comme le piégeage, par exemple les pièges jaunes.
Le piège jaune c’est quoi ?
C’est un panneau englué jaune. Les insectes sont attirés par certaines couleurs et il y en a plusieurs qui sont attirés par le jaune. Ceux-ci viennent se poser sur le panneau, et puisque que celui-ci est englué, ils ne peuvent plus repartir. Cette technique est très efficace contre les aleurodes, qui sont des petites mouches blanches.
Cette technique n’est pas de la FREDON, mais nous avons travaillé sur le mode d’emploi, afin de déterminer de quelle façon disposer les pièges pour obtenir le meilleur rendement. Cette méthode de lutte est davantage destinée à la production sous abri, puisqu’en plein champ, le piège capture les insectes ravageurs, mais aussi les auxiliaires.
Qui peut avoir recours à ces auxiliaires de culture ?
Suite à la fin du premier projet PBI, nous avons mis en vente les chrysopes et les trichogrammes qui sont disponibles pour les agriculteurs, mais aussi pour les jardiniers amateurs. Pour l’instant, ces auxiliaires ne sont disponibles qu’à la FREDON.
La vente d’auxiliaires à la FREDON est le résultat de la «phase 1» du projet. Les auxiliaires sont produits ici, à la «Chrysagro», filiale de la FREDON, avec des insectes d’ici.
Comment déterminer la bonne technique à utiliser ?
Vous pouvez venir avec un échantillon à la «clinique du végétal» qui est en place à la FREDON de manière continuelle, en nous expliquant le problème que vous rencontrez sur votre culture ou votre plante. À partir du diagnostic, nous vous ferons part de la méthode que nous préconisons.
Il y a aussi des guides, dont un document, «Le mémento de la protection des cultures», qui permet aux agriculteurs et aux jardiniers amateurs d’identifier eux-même les maladies les plus courantes et les techniques préconisées.
Propos recueillis par Mariska Desmarquis
Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles de la Martinique
www.fredon972.org
contact@fredon972.org
Tél : 0596 73 58 88
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