Les martiniquais produisent chaque année de gros volumes de déchets, ce qui correspond à une production individuelle annuelle de 330 kg environ. Face à ces volumes, deux questions se posent : que deviennent ces déchets ? Existe t-il des politiques favorisant leur réduction ?
Ces questions sont d’autant plus importantes, que l’homme est le seul être vivant à rejeter des matières qui impactent durablement l’écosystème dans lequel il vit. La situation est tellement grave que l’on parle aujourd’hui de « 7ème continent », tant la concentration de micros fragments de plastique est importante dans les océans Atlantique, Pacifique et Indien.
Pour information, en 2015, 300 millions de tonnes de plastique ont été produites à l’échelle mondiale, et 10 % (30 millions de tonnes) se sont retrouvés dans les océans, altérant durablement la chaine alimentaire et formant une gigantesque nappe de débris de plusieurs millions de km2. A cela il convient d’ajouter les rejets d’effluents en mer, dont les teneurs en métaux lourds, en produits organochlorés, organophosphorés, etc. ont des impacts durables, pour ne pas dire irrémédiables. Année après année, l’océan mondial se transforme en véritable décharge.
Quelle est la situation des décharges justement ?
A l’échelle mondiale, les décharges sont saturées et débordent pour la plupart de façon alarmante. En France, on en compte aujourd’hui 250, alors qu’il y en avait 500 il y a un peu plus de 20 ans. Si tout le monde s’accorde sur le fait que la France manque de décharges, leurs sites d’implantation posent problèmes, car personne n’en veut à proximité de son lieu de vie.
Officiellement une décharge dispose d’une durée de vie limitée ; toutefois, dans la réalité, les choses sont plus complexes, car il est très difficile de fermer une décharge qui tourne à plein régime. L’exemple de la décharge de la Trompeuse à Fort-de-France est très parlant : elle n’a été fermée qu’après 40 ans d’exploitation. En France hexagonale, certains sites ont été maintenus en activité alors que tout le monde s’accordait à reconnaître qu’ils étaient saturés ; c’est le cas de la décharge d’Entressen près de Marseille, qui a été fermée après plus de 60 ans d’exploitation.
Aujourd’hui, pour palier la réduction du nombre de décharges, l’Etat soutient le développement du tri sélectif. L’objectif est de réutiliser certains objets pour un usage différent de celui qu’ils avaient à l’origine, ou de créer de nouveaux produits à partir des constituants des anciens.
Pour un avenir « zéro déchets »
La gestion des déchets étant aujourd’hui un enjeu planétaire, de plus en plus d’Etats et/ou de grandes villes se sentent concernés, et n’hésitent pas à taxer les consommateurs qui ne trient pas, ou ne trient pas convenablement leurs déchets ; c’est le cas de San Francisco, par exemple. Autre exemple, le Luxembourg demande désormais 150 euros par tonne de déchets mis en décharge, tandis qu’en Slovaquie le prix n’est pour l’instant que de 7 euros la tonne.
Plutôt que de taxer les déchets et ceux qui les rejettent, ne faudrait-il pas plus simplement revoir nos modes de consommation ?
Pour information, si un français produit, en moyenne, chaque année, 350 kg de déchets, un américain en produit 700 kg. Réduire nos déchets s’avère donc essentiel.
Pour ce faire, il convient au préalable de réduire la surconsommation qui gangrène aujourd’hui les pays développés. Face à ce défi, il faut repenser notre façon de produire et de consommer, et généraliser l’économie circulaire. Il s’agit d’un concept économique s’inscrivant en opposition totale par rapport à la pratique actuelle qui consiste à acheter, utiliser, puis jeter.
Grâce à l’économie circulaire, le produit est désormais formaté pour être réutilisé, ainsi le déchet potentiel se transforme en ressource. Il faut donc mettre en place des mesures incitatives et/ou contraignantes pour favoriser l’émergence de ces nouveaux principes. Par exemple, préférer des produits avec un minimum d’emballage, voire plus d’emballage du tout ; produire des fertilisants à partir des déchets, plutôt que de les jeter, etc. Il s’agit d’un changement radical de mentalité, un nouveau mode de vie, en fait, un vrai changement de paradigme. A suivre donc…
Grégory ARIBO, Pascal SAFFACHE
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