Lors de la journée portes ouvertes de l’AMSES (Association médicale pour la sauvegarde de l’environnement et de la santé) du 24 février dernier, dans une suite de conférences-débats, les nombreux experts ont su expliquer et vulgariser sur les enjeux liés au thème, «perturbateurs endocriniens présents dans l’environnement et impacts sur la santé». Quelques informations à retenir…
Le taux de personnes atteintes de maladies augmente
Le taux de personnes atteintes de maladie graves augmente de façon exponentielle. Les diagnostics tels que l’autisme et l’asthme touche de plus en plus d’enfants et les cancers et le diabète de type 2 apparaissent chez une tranche d’âge beaucoup plus jeune. Depuis la fin du 20e siècle, les chiffres sont ahurissants et inquiètent les communautés scientifiques. Pourquoi tous ces nouveaux cas ?
Depuis le siècle dernier, l’environnement dans lequel nous évoluons a beaucoup changé. Nos habitudes de consommation et nos milieux de vie sont en constante évolution. Les ondes électromagnétiques émises de toutes parts, la pollution grandissante et les produits chimiques qui font partie de notre quotidien perturbent le développement normal de notre corps. Les agents chimiques qui entrent en contact avec nous, sont nommés «perturbateurs endocriniens».
Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?
Un perturbateur endocrinien est un agent chimique qui a la capacité d’intervenir dans notre système hormonal. Il s’accumule dans le sang et dans les graisses pendant de nombreuses années, ce qui peut avoir comme conséquence une expression biaisée de l’ADN (voir épigénétique).
Les perturbateurs endocriniens peuvent entrer dans le corps de différentes façons soit, par le système digestif, le système respiratoire et par les voies cutanées. Parmi ceux-ci, notons certaines composantes de la matière plastique, les pesticides, les pétro-médicaments, les produits chimiques présents dans les cosmétiques, les produits ménagers, les matériaux de construction et de bricolage, etc.
Impacts sur la fertilité, la grossesse, l’enfant et l’adulte.
Les conséquences sont différentes chez le fœtus, l’enfant et l’adulte, mais les cellules reproductrices et les cellules souches sont plus sensibles aux perturbations endocriniennes.
Le fœtus reste le plus vulnérable aux perturbateurs endocriniens puisque le corps est en formation. La modification de l’expression de l’ADN par les perturbateurs endocriniens induit une malformation des cellules. L’enfant demeure plus fragilisé dans les quatre premières années de sa vie.
Chez l’adulte, les perturbateurs endocriniens peuvent être responsables de plusieurs maladies chroniques notamment le cancer.
Environnement et obésité
Le surpoids est un énorme problème de santé et expose les obèses à plusieurs maladies chroniques telles que les maladies rhumatoïdes, le diabète de type 2, les problèmes d’activité ovarienne, le démarrage d’une grossesse, etc. En Martinique, plus de la moitié de la population est considérée comme étant en surpoids.
La société dans laquelle nous vivons ne favorise pas le sport et le moins manger. Le supermarché est à nos portes et le travail beaucoup moins énergivore que dans le temps de nos ancêtres. L’activité physique accompagnée d’une bonne alimentation pourrait régler beaucoup de problèmes, mais il n’y a pas que ça…
Les causes d’obésité ne sont pas seulement liées aux habitudes alimentaires et à l’activité physique. Pour beaucoup de gens, le système digestif est perturbé par l’alimentation, ce qui induit plusieurs dysfonctionnements. L’intestin y est pour beaucoup.
Normalement, la paroi de l’intestin filtre ce qui passe de l’intestin vers le corps, mais lorsque celle-ci est endommagée, elle laisse traverser des indésirables, dont les perturbateurs endocriniens. Cela a pour conséquence de créer de l’inflammation et par la même occasion la production de cellules graisseuses, les adipocytes.
Comment savoir si je suis exposé ?
Il n’y a pas d’outil pour mesurer les perturbateurs endocriniens auxquels nous sommes exposés. La problématique est que de manière isolé, un perturbateur endocrinien n’est pas nécessairement nuisible. C’est le cocktail de plusieurs agents chimiques qui devient dangereux, et le temps d’étude pour connaître les effets néfastes d’un produit peut être très long, parfois même 25-30 ans après la sortie du produit. À ce stade, celui-ci a eu le temps de faire des dégâts importants. Toutefois, un questionnaire a été développé qui permet d’estimer le taux d’exposition, d’avoir un suivi et de pouvoir agir.
Que peut-on faire pour se protéger ?
Il est important de mentionner que tout ça est réversible. Des gestes concrets doivent être posés rapidement, aujourd’hui. Pour ce qui est des maladies infantiles, une intervention est possible dans les 1000 premiers jours de vie. Il faut donc diminuer les facteurs perturbateurs dès le début de la grossesse et même dès le début de notre vie.
Mariska Desmarquis
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