Dans notre société, l’électricité occupe une place centrale, en raison de l’accroissement de la population, et plus globalement de son mode de vie. Le problème c’est que l’électricité est produite aujourd’hui grâce à des combustibles fossiles, qui contribuent au dérèglement climatique, et parallèlement les besoins énergétiques de l’humanité ne cessent d’augmenter, alors que les ressources fossiles s’épuisent.
Face à cette situation complexe, les décideurs se sont tournés vers des sources alternatives d’énergie, leurs permettant d’obtenir de l’électricité renouvelable et « propre », en tirant profit des ressources de la terre, du vent, de l’eau, du soleil, etc. Si pendant plusieurs années, les énergies éolienne, photovoltaïque et l’hydroélectricité ont occupé le devant de la scène, aujourd’hui l’énergie géothermique connait une croissance constante et offre des caractéristiques bien plus avantageuses pour l’humanité.
La Terre renferme une source de chaleur inépuisable, l’énergie géothermique. Le mot « géothermie » vient du grec gêo (la terre), et thermos (la chaleur). C’est une énergie présente partout, disponible 24 h sur 24, et surtout propre. De surcroît, elle permet de produire de l’électricité en grande quantité. Contrairement aux énergies fossiles, l’énergie géothermique ne contribue nullement au réchauffement climatique.
Anciennement, l’énergie géothermique servait à chauffer les maisons, les serres, elle était aussi utilisée en cuisine. Dans certaines civilisations, l’eau et la boue thermales étaient aussi utilisées pour leurs vertus thérapeutiques.
Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour obtenir un usage commercial de l’énergie géothermique, grâce à l’invention de François Larderel, qui réussit à extraire la chaleur du lac « Boric » pour alimenter des chaudières. Par la suite, sa technique a été améliorée, et a permis – en 1913 – la construction de la première centrale géothermique (à Lardello, en Italie) produisant de l’électricité.
Aujourd’hui, l’utilisation de l’énergie géothermique s’est démocratisée et elle est en passe de devenir l’énergie du futur. Précisons toutefois qu’il existe deux grands types de géothermie, la géothermie à basse énergie, qui est utilisée pour le chauffage des habitations, et la géothermie à moyenne et haute énergie, pour la production d’électricité. Les régions du second type (propices à la géothermie à moyenne et haute énergie) se situent sur la « ceinture de feu » du Pacifique, dans la Caraïbe, et dans quelques autres parties du monde.
Les processus d’extraction
Lors de l’élaboration d’un projet géothermique, des études sont menées afin d’analyser les caractéristiques du sous-sol. Des travaux de forages sont entrepris ensuite, dans le but de déterminer l’existence ou non d’une source de chaleur ; si cette dernière existe, les caractéristiques du réservoir géothermique (qui peut être constitué d’eau ou de vapeur) sont appréciées, et les températures sont alors relevées. Les résultats obtenus, permettent de déterminer la qualité et la quantité de la ressource en vue d’une exploitation future.
Pour exploiter l’énergie géothermique, il est nécessaire d’extraire de la chaleur. Il existe plusieurs méthodes d’extractions ; la plus fréquente est la méthode « doublet géothermique » qui consiste à forer deux puits, un puits de production et un puits de réinjection. L’eau chaude sera extraite par le puits de production et, une fois en surface, la chaleur sera captée et l’eau sera alors restituée au milieu naturel par l’intermédiaire du puits de réinjection Ce processus d’extraction en circuit fermé, permet d’optimiser la durée de vie du réservoir géothermique.
La géothermie aujourd’hui
Depuis le début de l’exploitation géothermique, de nombreux pays ont utilisé cette ressource. On recense aujourd’hui « plus de 350 centrales géothermiques haute et moyenne énergie » (BRGM) à travers le monde. Si les États-Unis sont en tête des pays producteurs, avec 21 centrales électriques, faisant d’eux le pays disposant du plus grand parc géothermique mondial, l’Islande est par contre le pays où l’énergie géothermique est omniprésente.
Dans la Caraïbe, la Guadeloupe est la seule île à s’être dotée d’une centrale géothermique, il s’agit aussi de la première centrale géothermique productrice d’électricité de France.
Aujourd’hui, d’autres îles de la Caraïbe souhaitent développer cette technologie sur leur territoire, c’est le cas de la Dominique, par exemple, dont le projet de centrale géothermique à été ralenti, suite au passage de la tempête tropicale Erika, mais qui souhaite satisfaire les besoins énergétiques de sa population, réduire sa dépendance face aux énergies fossiles, envisager à long terme une réduction du prix de vente de l’électricité, et, à terme, exporter son excédent de production en direction de la Guadeloupe et de la Martinique. Dans les prochaines années, de nombreux autres projets devraient voir le jour…
Les conséquences du réchauffement climatique nous font prendre conscience qu’il est temps de changer de paradigme et, à minima, de changer nos habitudes et de revoir nos modes de consommation énergétique. En dépit de leur lent développement, les résultats obtenus par les différents projets géothermiques restent probants. Sommes-nous prêt à nous investir d’avantage, pour faire de cette énergie une énergie de référence ?
Lynn MANIJEAN, Pascal SAFFACHE
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