Petites histoires naturelles : le héron garde-boeufs

GENERALITES SUR LES HERONS :

Les hérons appartiennent à la famille des ardéidés, qui fait partie de l’ordre des pélécaniformes. Ce sont des oiseaux échassiers de taille moyenne à grande, se caractérisant par un cou long et grêle, replié en forme de « S », et par un bec allongé et conique en forme de poignard. Les hérons vivent dans les zones humides, les plans d’eau (lacs ou étangs, mangroves) et les cours d’eau, se nourrissant de batraciens, poissons ou rongeurs. Il faut préciser que souvent les hérons vont affaiblir ou tuer leurs proies, pour les ingurgiter sans risque de les perdre. Pour cela ils les tiennent dans le bec et secouent fortement la tête, leur brisant ainsi la colonne vertébrale. Il existe dans le monde près de 70 espèces de hérons et apparentés.

A la MARTINIQUE nous pouvons observer plusieurs espèces de hérons, répartis en résidents (R) ou migrateurs (M) :

• Le héron garde-bœufs (R) (Bubulcus ibis), objet de la présente note.
• Le héron vert ou caïali (R) (Butorides virescens)
• L’aigrette neigeuse (R) (Egretta thula)
• Le grand héron (M) (Ardea herodias)
• La grande aigrette (M) (Ardea alba)
• L’aigrette bleue (M) (Egretta caerulea)
• Le bihoreau violacé (R) (Nyctanassa violacea)
• Le bihoreau gris (M) (Nycticorax nycticorax)

Description :

Le héron garde-bœufs est appelé familièrement ‘’pique-bœufs’’ à la MARTINIQUE. C’est un oiseau trapu de 88 à 96 cm d’envergure, de 46 à 56 cm de longueur et pesant entre 270 et 512 g. Il a un cou relativement court et épais, un bec robuste et une posture voûtée car il rentre son cou dans les épaules.

L’adulte, hors période de reproduction, a un plumage principalement blanc, le bec jaune et les pattes d’un gris-jaunâtre sombre. Au cours de la saison de reproduction, les adultes développent un plumage orange chamois sur le dos, la poitrine et la couronne, alors que le bec, les pattes et les iris deviennent rouge vif pour une brève période avant l’accouplement. Il a une espérance de vie d’une quinzaine d’années.

Il est originaire d’Afrique, et se répand un peu partout, en Europe et en Amérique. Selon le RP PINCHON il a été observé pour la première fois à la MARTINIQUE en novembre 1958.

Alimentation :

Contrairement à la plupart des hérons notre ‘’pique-bœufs’’ se nourrit loin de l’eau, notamment dans les savanes. Il traque les insectes qui constituent l’essentiel de sa nourriture. Cependant il gobe volontiers les escargots, grenouilles, anolis, mille-pattes, chenilles, vers de terre.

On le voit souvent près des bovins. Il guette les insectes que l’animal dérange en broutant. A l’origine il se posait sur le dos du bétail pour y attraper les tiques. Aujourd’hui la plupart des troupeaux sont convenablement traités pour ces parasites, et les quelques tiques qui restent ne suffiraient pas à alimenter cette nombreuse population de pique-bœufs. Pour les mêmes raisons il va aussi se tenir à proximité des jardiniers lors du passage des ‘’têtes-à-fil’’, ou des tracteurs qui labourent. Il recherche également sa nourriture sur les décharges d’ordures.

Habitat :

Le héron garde-bœufs pendant la journée est dans tous les milieux ouverts. Il ne va pratiquement pas en forêt. Pour dormir et nicher les individus vont se regrouper en colonies relativement nombreuses, dans un arbre, ou un bosquet, si possible protégé, partiellement ou totalement, par l’eau. Généralement ils choisissent des massifs de palétuvier. Ils se mettent ainsi à l’abri des prédateurs.

Reproduction :

Le héron garde-bœufs se reproduit toute l’année. La construction du nid est assurée principalement par la femelle, le mâle s’occupant de la collecte des matériaux. Le nid est une simple plate-forme de branchages de 20 à 30 cm de diamètre. La femelle pond entre deux et quatre œufs (généralement deux), d’un blanc bleuté. La couvaison, assurée par les deux parents, dure entre 20 et 25 jours. Les petits sont ensuite nourris plusieurs fois par jour, également par les deux parents. Ils commencent à voler au bout de quarante jours environ. Ils sont indépendants au bout de 60 jours.

Particularités :

La mutualité se définit comme un système de solidarité entre les membres d’un groupe, basée sur l’entraide mutuelle. En observant le comportement des pique-bœufs, il semblerait qu’ils appliquent les principes de la mutualité. En effet, en se regroupant comme ils le font pour dormir et nicher ils se protègent des prédateurs : 300 paires d’yeux et d’oreilles valent mieux qu’une ou deux.

Lors d’une observation à l’îlet Petite Grenade au VAUCLIN j’ai constaté que quelques individus adultes ne partaient pas, comme les autres, en recherche de nourriture. J’ai eu la nette impression qu’il s’agissait d’une véritable escouade de garde, restée pour protéger les nids, les œufs, les juvéniles. J’en ai eu la certitude lorsque je me suis approché : sans être vraiment attaqué j’ai été harcelé et véritablement bombardé d’excréments jusqu’à ce que je m’en aille.

De même on peut se demander s’il n’y a pas une certaine concertation dans la recherche de nourriture, en effet ils sont très souvent nombreux là où elle se trouve.

Note et photos de Roland MARRAUD des GROTTES de la SEPANMAR

« La SEPANMAR intervient en séances pédagogiques auprès de tous les publics, notamment les scolaires, en vue de faire connaître et respecter la biodiversité de la Martinique. CONTACT Roland MARRAUD des GROTTES 06 96 45 29 78 ou mail rdesgrottes@wanadoo.fr  »

Bibliographie :

• Révérend Père Robert PINCHON : Faune des Antilles françaises – Les oiseaux – 2^ème édition 1976
• Edouard BENITO-ESPINAL et Patricia HAUCASTEL : Les oiseaux des Antilles et leur nid – Petites et Grandes Antilles – 2003
• Herbert RAFFAELE – James WILEY – Orlando GARRIDO – Allan KEITH – Janis RAFFAELE : – Birds of the West Indies – 2003
• David ALLEN SIBLEY : Le guide SIBLEY des oiseaux de l’Est de l’AMERIQUE du NORD – 2006
• National Geographic : Guide d’identification des oiseaux de l’Amérique du Nord – 3^ème édition – 2002
• Wikipédia – L’Encyclopédie libre
• Site internet Birds and Co : http://www.sosdom.lautre.net