Avec 370 adhérents, une surface de 6.000 hectares en production et 1.000 hectares en jachère, la Coopérative BANAMART regroupe l’ensemble des producteurs de bananes dessert de la Martinique pour une production annuelle d’environ 210.000 tonnes en année normale. Nous avons rencontré Pierre Monteux, son Directeur Général, qui nous parle de ce secteur d’activité, notamment du « Plan Banane Durable » et de son impact sur l’environnement de notre île.
Que représente le secteur de la banane en termes d’export?
75% de la production antillaise est destinée au marché français, 25% à d’autres marchés de l’Union européenne.
Nous avons une filière parfaitement intégrée de l’amont à l’aval, de la production à la commercialisation de notre fruit. Cela fait de nous une des filières agricoles françaises les mieux organisées
Qu’est-ce qu’une banane durable ?
Une banane durable c’est une banane qui s’inscrit véritablement dans l’environnement qui est le sien et qui est le nôtre, un environnement fragile avec une faune et une flore qu’il faut préserver. L’objectif de cette banane durable, c’est qu’elle puisse être respectueuse de son environnement, aussi bien au niveau de la faune que de la flore, et être un artisan dans le processus de recréation de la biodiversité. Ça, ce fut, entre 2009 et 2014, clairement l’objectif du Plan Banane Durable 1, signé en décembre 2008 avec le Ministère de l’Agriculture et les Collectivités Territoriales de Guadeloupe et de Martinique.
Cela s’est concrétisé de manière assez factuelle, par exemple, par la diminution des quantités de produits appliquées dans la culture bananière, notamment les produits phytosanitaires.
Selon les chiffres du CIRAD (Centre de Coopération International en Recherche Agronomique pour le Développement), nous appliquons aux Antilles un peu moins de 7 kg de matière active par an et par hectare cultivé, alors que nos concurrents sud-américains en mettent 60/70 kg par an et par hectare
Par conséquent, notre Banane est aujourd’hui la banane la plus « propre », et nous allons poursuivre cette démarche dans le cadre du Plan Banane Durable 2, grâce, notamment, aux travaux entrepris par l’Institut Technique Tropical – IT2.
Qu’est-ce que l’Institut Technique Tropical ?
Créé en 2009 lors du lancement du Plan Banane Durable 1 et initialement dénommé Institut Technique de la Banane (ITBAN), l’IT2 s’est ouvert aux filières de diversification végétale à partir de 2010.
Au niveau de la banane, ses priorités initiales ont été :
- d’une part, la recherche d’une nouvelle variété de bananier résistant ou tolérant à la cercosporiose noire, maladie qui attaque les feuilles et qui peut, en cas de non-maîtrise, impacter fortement la production,
- d’autre part, la mise en place de plantes de couverture, qui sont implantées dans les bananeraies et qui permettent de limiter l’usage des produits phytosanitaires, notamment les herbicides.
Quel travail faites vous avec les agriculteurs?
Aujourd’hui les préconisations faites à nos producteurs sont de ne plus cultiver à sol nu. Autrefois, quand on regardait une bananeraie on voyait la terre, alors qu’aujourd’hui, quand on parcourt la Martinique, on voit dans les bananeraies un couvert végétal car il y a une tolérance à avoir de l’herbe au pied des bananiers. Nous avons incité nos producteurs à implanter quelques variétés de plantes dûment sélectionnées puisque, forcément, en fonction de la localisation des parcelles, il peut en avoir qui soient mieux adaptées que d’autres.
Quand nous analysons les dernières consommations d’herbicides, celles-ci ont diminué quasiment de 30% sur l’exercice 2016.
Avec tout cela, la banane est meilleure au détriment de la quantité ?
Oui, dans l’absolu, les grandes années où nous pouvions avoir jusqu’à 65 tonnes à l’hectare sont derrière nous. Cependant, dans le même temps, nous avons réussi à faire monter le rendement moyen départemental qui est passé de 20 à 32 tonnes à l’hectare. Ainsi, beaucoup de producteurs ont progressé grâce à ces nouvelles techniques et les écarts, qui existaient autrefois entre les exploitations, tendent à se réduire, puisqu’elles appliquent toutes les mêmes préconisations. Aujourd’hui les meilleures exploitations vont tourner entre 45 et 50 tonnes à l’hectare. La perte est seulement de quelques pourcents, mais, par rapport à la qualité environnementale de nos bananeraies, l’agriculteur s’y retrouve.
Toujours dans une logique de banane durable, La filière est aujourd’hui véritablement engagée dans la récupération des déchêts. Nous sommes une industrie et forcément nous générons des déchets : sacs d’engrais, gaines de protection des régimes, ficelles d’haubanage, palettes, bouillies post-récolte … qu’il faut nécessairement collecter et pour lesquels il faut mettre en œuvre des filières de retraitement ou de destruction. Par exemple, les gaines de protection des régimes sont à 100% récupérées et envoyées en Europe continentale pour être recyclées, en sacs poubelle par exemple. Les palettes des intrants sont, elles aussi, retraitées et recyclées localement, pour faire des copeaux de bois qui peuvent être mis dans des jardins ou pour être ajoutés aux amendements organiques.
Aujourd’hui la filière collecte près de 100 % de ses déchets car notre objectif est de rendre les martiniquais fiers de leur banane car les raisons d’en être fiers sont nombreuses.
L’article complet est disponible en téléchargement sur ce site dans le magazine Antilla spécial développement durable.
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