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Motion sur la Chlordécone de la CTM

Plénière du 9 février 2018

Motion sur la chlordécone

CONSIDERANT que, pendant des décennies, des quantités importantes de chlordécone ont été utilisées dans les bananeraies de Martinique,

CONSIDERANT que ce pesticide a durablement pollué les terres ainsi que les eaux souterraines et les eaux de surface de Martinique,

CONSIDERANT que cette contamination a provoqué une crise majeure de santé publique dans notre pays,

CONSIDERANT que des milliers de Martiniquais sont victimes des effets pathogènes de ce perturbateur endocrinien cancérogène, mutagène et reprotoxique, ainsi que l’ont démontré de nombreuses études (cancers, retards de développement cognitif et dérèglements hormonaux des enfants, …),

CONSIDERANT que la situation sanitaire, environnementale et économique de la population, exposée massivement à la chlordécone durant plusieurs décennies, appelle à des mesures d’exception,

CONSIDERANT que le seul moyen de stopper l’intoxication est le sevrage total, comme l’établissent les différents rapports,

CONSIDERANT la gravité de la responsabilité de l’Etat français qui a interdit la chlordécone en France en 1990 tout en accordant des dérogations successives en Martinique et en Guadeloupe jusqu’en 1993, et en tolérant son utilisation jusqu’en 2002,

Les élus de la Collectivité Territoriale de Martinique, réunis en Assemblée plénière

le 9 février 2018,

– Demandent la baisse immédiate des Limites Maximales de Résidus (LMR) de chlordécone dans l’objectif de parvenir à un taux zéro dans les meilleurs délais possibles,

– Exigent que soit relancée, renforcée et financée durablement, vu son importance vitale, la recherche sur l’impact de la chlordécone sur la santé de la population ainsi que sur les modes de dépollution des sols et des eaux, interrompue du fait de l’absence ce financement,

– Exigent que les terres saines bénéficient d’une certification et d’une protection spécifique,

– Exigent que les terres contaminées ne soient pas détournées de leur vocation agricole, sachant qu’il existe un répertoire des productions non impactées par la chlordécone,

 Exigent la mise en place de la traçabilité rigoureuse des produits et l’information de la population,

– Exigent que les contrôles soient réalisés non seulement à la récolte, par échantillon, mais aussi à la plantation, étant donné que les parcelles ne sont pas infectées de façon homogène,

– Exigent que les mêmes contrôles et normes soient appliqués aux produits importés,

– Exigent la mise en œuvre d’un suivi épidémiologique de la population à long terme (dépistage, prise en charge des pathologies imputables au pesticide et des personnes ayant été en contact direct avec la molécule, …),

– Exigent que l’Etat réalise et publie la cartographie à la parcelle de la réalité de la contamination des sols, et plus largement qu’il s’assure de la réalisation effective des objectifs définis dans le 3eme plan Chlordécone en vigueur, notamment des mesures de compensation, d’indemnisation, d’accompagnement et de reconversion, en particulier en faveur des agriculteurs, des marins-pêcheurs et des aquaculteurs,

– Exigent qu’un fond dédié soit créé par l’Etat pour le financement de ces mesures,

 Exigent, au nom du principe de précaution, que soit interdite toute nouvelle dérogation permettant l’utilisation de produits phytosanitaires sur notre territoire et que la Collectivité Territoriale de Martinique soit associée de façon systématique aux processus décisionnels sur ces questions.

Intervention à ce sujet, d’Alfred Marie-Jeanne, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité de Martinique.

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