Situé à Sainte-Anne, entre Barrière La Croix et Crève-Coeur, le « Jardin de la santé » est une exploitation agricole qui a aussi pour but de sensibiliser la population à des habitudes de consommation plus saines, tout en favorisant les circuits courts de distribution. Echange avec le responsable de ce magnifique site, Malik Malsa, agriculteur depuis de nombreuses années.
Peux-tu nous présenter Le Jardin de la Santé ?
Tout d’abord, le nom “Le Jardin de la Santé”, m’a été inspiré par mon père qui m’a conseillé un nom alliant jardin et santé étant donné que je suis un agriculteur bio. C’est comme ça que j’ai trouvé “Le Jardin de la Santé”. Nous existons depuis 5 ans, je travaille sans pesticide depuis toujours même avant ma certification bio, je fais partie du groupement Orgapéyi où nous travaillons dans les mêmes conditions. On reste dans la logique d’agroécologie, c’est la base de tout. L’axe centrale c’est notre jardin et autour on a quelques activités dont une boutique avec des produits frais et sains, un laboratoire et les différents évènements que nous organisons. Nous avons 4 salariès pour l’entretien des espaces verts et l’élagage, c’est ce qui nous permet d’avoir tout le temps de la matière organique de disponible qu’on valorise ensuite dans notre jardin soit en broyage ou paillage pour faire du compost. A côté on fait de la transformation de plusieurs façons. Notre beau petit laboratoire nous permet de faire des jus, des farines et un peu de confitures. Nous y faisons aussi des légumes déshydratés, ce qui reprèsente pour nous est la meilleure méthode de conservation, en plus nous n’utilisons pas l’énergie fossile puisque ce sont des déshydrateurs solaires. On essaye d’aller au bout de notre raisonnement en matière de développement durable.
Il y a aussi une forte démarche pédagogique…
Oui, , il y a quelque chose d’exceptionnelle et d’important pour moi, c’est la transmission, l’éducation à l’environnement. C’est l’une de nos missions, nous faisons des visites pédagogiques pour les écoles, les associations, les groupes qui le souhaitent sur rendez-vous.
Au sein de la boutique, nous donnons des conseils pour l’utilisation de nos produits. La vente direct à la ferme permet d’etre en contact avec le client de partager nos connaissances et savoirs. Je n’ai absolument rien à cacher à ce niveau-là, c’est du boulot et il y a énormément à faire. C’est avec grand plaisir que je transmets. J’aurai adoré voir plus de fast food sain à des tarifs abordables. J’estime que manger bio, ce n’est pas manger chers. Cela peut avoir un coût supplémentaire par rapport notamment au coût de main d’oeuvre qui sont un peu plus importants, mais dans un idéal proche j’aurais aimé que ce soit accessible à tous. Notre meilleur médicament, ce sont les aliments qu’on mange.
Manger bio, c’est manger autrement, ce n’est pas forcément plus chers à la fin, car par exemple quand on mange bio, ce n’est pas nécessaire de faire de grosses assiettes.
Récemment, vous avez lancé une formule de snacking bio ?
Oui, là encore c’est pour valoriser notre production. En parallèle de notre marché du samedi, nous proposons des kassav et autres plats. On transforme les légumes ce qui permet de montrer aux gens des exemples de valorisation. Il y a énormément de choses à faire avec nos fruits et légumes.
Nous travaillons avec le moins possible de produits qui sortent de l’extérieur, c’est pour cela que la base de notre alimentation c’est la farine de manioc. Les produits sortent à 90% du jardin, on utile essentiellement notre production à part les huiles et quelques épices. Nous essayons également d’allier en même temps tradition et modernité avec par exemple la PizzManioc qui est une invention de Raymond Rijo que nous mettons en valeur.
C’est une façon de manger rapide, mais de façon saine en sublimant nos plats. Là c’est la période des patates douces donc on a fait des frites. On montre aussi que nous n’avons pas forcément besoin de pain pour manger, ce que nous proposons est très équilibré avec des protéines soit animales ou végétales comme les fleurs de moringa, les haricots, les fibres. Il y en a pour tous les goûts. On essaye d’avoir du crue et du cuit. Nous ne voulons pas que les clients soient lourds, ballonnés quand ils mangent chez nous.
Ce dimanche, nous avons organisé un cochon à la broche avec des cochons que nous avons élevés en liberté. Cette manifestation sera organisée tous les 15 jours durant les vacances. Sinon tous les samedis on a toujours le petit concept de kassav avec des salades en parallèle de notre marché.
Rencontrez-vous des difficultés pour trouver de la main d’oeuvre ?
La main d’oeuvre qualifié est difficile à avoir, on fait partie d’un mouvement le Groupe des Agriculteurs Biologiques (Grab), nous sommes 25 adhérents et nous allons lancer avec le Pôle Emploi, un projet qui est bien avancé pour avoir une main d’oeuvre partagée qualifiée. Le principe est simple, nous allons former des personnes qui seront embauchés par le groupement et pourrons travailler avec les agriculteurs bio. Nous espérons avoir nos premiers ouvriers agricoles qualifiés dès la rentrée et au fur et à mesure monter crescendo. Quand en agriculture conventionnelle, on a besoin d’une personne, en bio on a besoin de trois. C’est une agriculture à développer, c’est l’avenir. Il y a encore beaucoup de terre saines à développer en Martinique et la population demande des produits sains et malheureusement il n’y en a pas assez. J’incite les jeunes à se former et à aller vers ce type d’agriculture, même s’il y a une technicité à avoir et qu’il faut vraiment faire corps avec la nature.
Propos recueillis par Kaylan Fagour
Laissez un commentaire