Quels est le dispositif mise en place par Madininair pour répondre à la problématique des sargasses ?
Depuis deux ans, Madininair surveille l’hydrogène sulfuré appelé H2S qui se dégage des sargasses. Nous avons 15 capteurs réparties sur des sites choisis stratégiquement par l’ARS comme étant représentatif de l’exposition de la population. Les emplacements choisies sont des sites sensibles, soit où il y a beaucoup de population ou des établissements publics (écoles, crèches….). Ces capteurs mesure en continue à distance, il n’est pas nécessaire d’avoir quelqu’un sur place pour mesurer les données. Les données arrivent directement sur le site de Madininair qui traite les résultats en termes de moyenne de ce qui est mesuré. Nous avons ensuite la charge de créer une cartographie journalière de tous les points de mesures et de données la moyenne sur les 24 dernières heures. Ces cartes sont publiques et disponibles sur le site de Madininair, sur celui de l’ARS et de la préfecture.
Que pouvons-nous retrouver sur ces cartes ?
On peut retrouver sur ces cartes un code couleur qui va nous donner l’état des lieux sur chaque site et ensuite une concentration chiffrée. La deuxième information c’est sur les différents seuils définis par les autorités sanitaires nationales. Le premier seuil de 1 ppm représente la valeur à partir de laquelle on considère qu’il peut y avoir un impact. La dernière valeur de 5ppm c’est une valeur seuil d’action à partir de laquelle il y a vraiment un impact important et qui nécessite de faire une action d’urgence pour que ça diminue.
Chaque jour, nous communiquons ces évaluations à la préfecture, à l’ARS et autres collectivités. Ce qui leur permet de prendre des décisions de ramasser tel ou tel endroit en priorité. Nous sommes un outil technique de mesure.
Ce sont des seuils journaliers, car le H2S à une moindre action aiguë que chronique, c’est pour cela qu’on fait des données 24h et non des valeurs horaires par exemple.
Qu’avez-vous observé ? Quels sont les différents seuils en moyenne ?
C’est fluctuant bien sûr puisque ces 15 sites ont été choisis plutôt stratégiquement pour représenter une exposition globale. Les sites ne sont pas situés chez l’habitant, ni sur le bord de mer sur un tas d’algue, mais en général à un endroit intermédiaire situé entre les habitations et l’endroit où il y a les échouages. Les moyennes sont variables en fonction des arrivages, puisque ce n’est pas tout le temps au même endroit.
On a quand même trois endroits qui sont plus touchés que d’autres : Frégate-Est 2, Pontaléry-Nord et Pointe Hyacinthe au Robert. Ce sont des endroits qui ont déjà dépassé parfois les 5 ppm. Lorsque cela arrive, nous informons tout de suite les autorités.
Quels sont les effets sur la santé des gens ?
A chaque seuil et chaque code couleur corresponds une interprétation sanitaire et des recommandations à la population. C’est l’ARS qui prend ensuite les décisions. Notre rôle s’arrête à la mesure et à la transmission des résultats
En général, où retrouvons nous l’hydrogéné sulfuré ?
C’est un polluant très spécifique des échouages d’algues et de leurs décompositions. Ce n’est pas un polluant que l’on observe en général proche trafic ou zone industriel.
Avez-vous constaté un lien entre les arrivages et le taux de H2S ?
La quantité fait que cela augmente et la durée de stagnation du tas fait augmenter. Plus ça pourri, plus ça forme une croute dur au-dessus qui lorsqu’on la perce fait éclater des poches de H2S. D’où l’intérêt de prévenir suffisamment tôt pour que les instances puissent rapidement ramasser. On lutte contre des vagues successives.
Après le ramassage les sargasses sont entreposées sur des terrains, est-ce que l’hydrogène sulfuré émane toujours ?
C’est le gros problème aujourd’hui, c’est le stockage Nous n’avons pas encore fait d’études sur les lieux de stockages. Ils sont normalement éloignés des habitations.
Propos recueillis par Kaylan Fagour
[…] -Un phénomène surveillé de près par Madinin’Air […]