L’entreprenariat social se développe de plus en plus en Martinique, plusieurs structures accompagne les porteurs de projets dans ce domaine à l’image de Kaleidoscope. Rencontre avec sa fondatrice Corinne Concy.
Qu’est-ce que Kaléidoscope?
C’est un incubateur et une structure de conseil, de formation spécialisée en entreprenariat social et en projet d’intérêt général.
Nous nous adressons aux porteurs de projets de création d’entreprise sociale, d’association ou de projet d’intérêt général. Parmi ces porteurs de projets, on peut avoir des individus de tout âge, de différents profils, demandeurs d’emplois, salariés ou autres. Nous travaillons également avec les collectivités sur des projets d’intérêts générales ou à impact de territoires. Et pour finir, nous accompagnons des entreprises pour évoluer vers le modèle de l’entreprenariat social, ainsi que des associations existantes que nous aidons à se structurer et que nous conseillons sur des aspects de stratégie.
Quels sont les accompagnements que vous proposez ?
Pour les porteurs de créations d’entreprises ou d’associations, nous intervenons de plusieurs façons. Notre offre principale c’est un programme d’incubation qu’on met en oeuvre pour les porteurs de projets. Pour le moment, on a une promotion par an et ce programme se déroule durant une année. Il comprend un pré incubation, lors de laquelle on apporte les éléments théoriques nécessaire à poser les fondations du projet et à comprendre les particularités du métier d’entrepreneur social. Puis, il ya une phase d’incubation qui va permettre de rendre le projet viable et qui va aborder des thématiques plus structurantes comme l’analyse d’opportunité, les statuts juridiques, le business model, la stratégie marketing, le financement avec par exemple la préparation de la levée de fonds. Tout ce qui va permettre aussi de rencontrer les partenaires de l’écosystème, car une entreprise sociale est fortement ancrée sur son territoire.
On a également une mission de conseil pour les entreprises et les collectivités, soit d’incubateur de projet ou de fabrique à initiative, c’est-à-dire qu’à partir d’une question ou d’une problématique sociale de territoire, on va faire émerger l’analyse d’opportunité qui va permettre de définir quelles sont les activités économiques qui pourraient apporter une réponse viable à la problématique.
Comment intégrer l’incubateur ?
Nous faisons en général, un appel à candidature chaque année. La sélection se fait sur dossier pour pouvoir vérifier que le projet relève de l’intérêt général et de l’entreprenariat social, que le porteur de projet est engagé et s’inscrit dans cette dynamique. Un jury évalue ensuite sur la base d’une présentation orale la motivation du porteur de projet et surtout sa bonne compréhension des besoins sociaux auxquelles il souhaite s’attaquer. On va évaluer qu’il y a un champ favorable d’adéquation entre le social, le projet et l’individu. S’il est sélectionné, le porteur de projet est suivi durant un an. La première promotion a commencé en mai 2017 avec cinq porteurs de projets qui ont participé. Notre objectif pour la promotion 2018 est d’en intégrer dix.
Ce programme est pris en charge en partie, le porteur de projet doit y contribuer au moins à hauteur de 10% du montant total. Cette année on est accompagné financièrement par la CTM et le FSE. Et bien sûr nous avons des partenaires impliqués dans le jury et le comité de pilotage de l’incubateur, la Caisse de Dépôts, l’Etat, les EPCI et différentes structures.
Quels sont les autres actions que vous menez ?
En dehors du programme d’incubation et de l’accompagnement, nous avons pour mission d’informer et de sensibiliser la population à l’entreprenariat social et à l’ESS. Nous voulons rendre accessible à tous les porteurs de projets ou d’idées, les outils et expertises utile à l’émergence de l’entreprenariat social.
Nous ne faisons pas cela seul, mais avec différents partenaires, l’ADIE, les EPCI, Initiative Martinique Active, la CRESS…
On organise au moins une fois tous les deux mois des ateliers de sensibilisation à l’entreprenariat social qui sont gratuits pour les porteurs de projets qui veulent plus d’informations. Ces ateliers ont lieux sur l’ensemble du territoire, le vendredi matin en général.
La deuxième action que nous menons, ce sont les « Ti Kozés » qui se déroulent chaque mois. Là il s’agit de discuter des thématiques constructives pour les entrepreneurs sociaux en Martinique. Une rencontre qui permet d’échanger avec les différents acteurs de l’écosystème. Ce n’est pas une conférence, ni un atelier, mais vraiment un débat où tout le monde peut s’exprimer, faire des propositions, voir les alternatives.
A la fin, nous terminons toujours avec une collation participative, ou chacun apporte quelque chose à boire ou à manger, ainsi que son gobelet.
Le prochain aura lieu, le jeudi 12 avril à 18h à la Villa d’Eole à Ducos, sur le thème “ESS, nouveau mode d’entreprendre : nouvelles postures des financeurs? ». En présence d’une banque, de l’ADIE, d’Initiative Martinique Active, de financeurs.
On a un troisième type de rendez-vous, ce sont des séminaires thématiques.
Il y en aura trois cette année, le premier en mai concernera le télétravail et les modes alternatifs de travail. Le deuxième en novembre sera sur le thème de la permaculture humaine. Le troisième sera en collaboration avec Qualistat sur la question de l’étude de marché sur des projets qui relèvent de l’innovation sociale.
Pourquoi créer une entreprise sociale ?
L’Economie Sociale et Solidaire (ESS), c’est avant tout une façon d’entreprendre, c’est un état d’esprit, un engagement fort du porteur de projet. Aujourd’hui, nos entreprises n’ont pas d’autres choix que de devenir et d’être social, surtout en Martinique sur un territoire restreint.
Quand on décide de s’attaquer à une problématique sociale c’est une bonne façon de passer efficacement à l’action. Le bénévolat à ses limites et l’entreprise social permet d’être mieux structurer.
L’entreprise social met l’efficacité économique au service de la réponse aux besoins sociaux, pour éviter avec la raréfaction des fonds publics qu’on puisse avoir des modèles économiques qui s’essouffle faute de pouvoir s’appuyer sur des outils stratégiques.
C’est une forme d’entreprise qui permet d’être ancré sur le territoire, de co-construire avec les utilisateurs de l’offre ou du service, afin d’avoir un modèle viable. Tout cela en ayant des outils d’entreprises qui vont permettre de travailler l’utilité économique et social, mais aussi la rentabilité et l’efficacité.
Que diriez-vous pour conclure ?
Je souhaite lancer un appel à l’action ou au rassemblement. Depuis, que Kaléidoscope a été créé début 2016, le constat que l’on fait c’est qu’on a une communauté d’entrepreneur sociaux, engagés qui est très forte et en demande d’information. J’ai donc envie de dire de ne pas rester dans l’ombre, de ne pas hésiter à rentrer en contact avec nous ou les autres acteurs de l’ESS. A terme, j’aimerai voir émerger un mouvement d’entrepreneurs sociaux, qui se rassemble régulièrement, qui s’exprime pour pouvoir co-construire et échanger sur les bonnes pratiques. C’est vraiment un appel au regroupement et à utiliser les espaces collectifs.
Propos recueillis par Kaylan FAGOUR
Téléphone : 0696 96 63 83
Facebook : www.facebook.com/kaleidoscope.dom/
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