Claire Joseph présidente de l’Association Centre de Culture Populaire Ypiranga de Pastinha Martinique (CCPYPM) et Téo Angoleiro chargé de mission nous présentent le projet de plantothèque-école qui se fera sur une parcelle de la forêt Montgérald mise à disposition par la ville de Fort-de-France.
En quoi consiste le projet de plantothèque ?
La plantothèque-école, qui intégrera environ 150 plantes, sera présentée sous forme de jardin botanique et sera ouverte gratuitement à toute la population martiniquaise et visiteurs de l’île. Les espèces floristiques seront principalement médicinales, mais il y aura aussi un petit jardin pour remettre au goût du jour certaines espèces nourricières, que les gens consomment de moins en moins, mais qui sont particulièrement intéressantes au niveau nutritionnel.
Des panneaux de vulgarisation scientifique, avec la description de chacune des plantes ainsi que leurs différentes utilités seront disposés de façon à faciliter l’acquisition de connaissances des visiteurs. Différents documents d’informations y seront disponibles, dont les livrets TRAMIL, incluant les grands types de maladies humaines et les parties à utiliser des plantes en lien avec ces maladies et un guide des valeurs nutritionnels d’une grande diversité de produits locaux, rédigé par le PARM. Des ateliers y seront proposés, ainsi que des formations de personnes référentes qui permettront la multiplication des connaissances.
Quels sont ces ateliers qui seront proposés ?
Puisque que les fonctionnalités des plantes sont très diversifiées, les ateliers proposés le seront tout autant. Concernant le côté alimentaire, le développement d’acquis par rapport à la nourriture et la sensibilisation pour changer les habitudes en sont quelques exemples.
Lors de séismes majeurs, en plus d’être essentielles pour la nourriture, les plantes peuvent servir à beaucoup d’autres choses (tiges utilisées comme garrot ou atèle, feuilles utilisées comme cataplasme, eau de noix de coco utilisée pour les transfusions). Des ateliers en lien avec les risques sismiques ainsi que des exercices de simulation seront donc proposés, les exercices ayant comme objectif d’évaluer l’autonomie des participants et d’améliorer leurs compétences.
Finalement, des ateliers de bricolage à partir de matériaux recyclés (fabrication de four solaire, récupération et nettoyage de l’eau, hydroponie, bac à compost) contribueront à de meilleures pratiques du jardin pour les participants.
Parlez-nous de la formation des personnes référentes…
La mise en place de la plantothèque médicinale a aussi pour objectif de mettre en place un réseau des savoirs, conseils techniques et d’ingénierie. Pour ce faire, une vingtaine de personnes référentes sera formée aux différents usages médicinaux, nutritifs et utilitaires des plantes. Ces vingt référents, qui seront des multiplicateurs de connaissances, seront prioritairement dirigeants d’autres jardins partagés de la Martinique, ou dirigeants d’association ou autre structures, mais qui ont la capacité de diffuser l’information. L’idée avec ce projet de plantothèque-école «pilote» est que d’autres plantothèques puissent être facilement reproduites dans d’autres sites de la Martinique. Sur les lieux, une serre servira à la multiplication des plants afin d’aider ce type d’approche.
Comment cette idée a commencée ?
Ici, au jardin partagé de Trenelle-Citron, nous avons une belle variété de plantes médicinales, aromatiques, potagères et ornementales. Nous sommes déjà dans cette dynamique de fonctionnement. Étant intéressés par la botanique, nous avons eu une rencontre avec M. Emmanuel Nossin, ethnopharmacologue, lorsqu’il est venu au jardin dans le cadre de la Semaine Européenne de Réduction des Déchets (SERD) pour une conférence. Après avoir visité notre jardin, il nous a grandement motivé à passer à l’étape supérieure. Certes, nous avons des plantes médicinales, mais ce sont relativement les dix les plus connues, il faut donc voir à plus grande échelle avec des plantes plus rares et qui ont un pouvoir actif beaucoup plus important que le doliprane que tout le monde a à la maison. Suite à cela, nous avons travaillé main dans la main et construit le projet en collaboration.
De quelle façon la collaboration de M. Nossin s’intègre à votre projet ?
Au niveau de la technicité, Monsieur Nossin est l’expert. Nous, nous sommes l’association qui va mettre en place les choses matérielles. Nous faisons aussi des démarches pour travailler avec Madame Ana Maria Soares Pereira qui est agronome. En plus d’enrichir les connaissances au niveau floristique, une collaboration avec Madame Soares Pereira permettrait de transmettre un savoir plus varié sur les différentes manières de conserver les plantes. Monsieur Nossin expert en alcoolature et Madame Soares Pereira experte en séchage.
Où en êtes vous ?
Actuellement, nous avons la parcelle nécessaire au démarrage du projet qui a été mise à disposition par la ville de Fort-de-France. Donc, au jardin partagé de Trenelle-Citron, nous faisons pousser des plantes matrices pour nourrir la plantothèque, et Monsieur Nossin est prêt à nous enrichir de ces connaissances. Avec ces trois éléments, nous pouvons entreprendre un premier pas vers la mise en œuvre du projet. Pour la suite, nous sommes présentement en attente d’une réponse de subvention. Dans le cas où la réponse n’est pas positive, nous poursuivrons les demandes de financement et entamerons tout de même les premières actions du projet à minima, jusqu’à l’obtention de fonds suffisants.
Propos recueillis par Mariska Desmarquis
Courriel : ypirangamartinique@gmail.com
Téléphone : 06 96 10 97 20
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