Au domaine de Fonds Moulin à Morne Vert, quelques personnes se sont rassemblées afin d’accroître leurs connaissances sur la médecine par les plantes. La rencontre était présidée par M. Emmanuel Nossin, pharmacien/ethnopharmacologue et coordonnateur général du réseau TRAMIL. Après une discussion sur la place de la médecine d‘hier et d’aujourd’hui, la rencontre s’est poursuivie sur un atelier d’alcoolature.
La médication d’hier à aujourd’hui
Dans le temps de nos grands-parents, ceux-ci utilisaient les végétaux de leur environnement pour se soigner. C’est en fait encore le cas un peu partout sur la planète. Toutefois dans de nombreux pays cette pharmacopée s’est vue mise de côté au profit de pétro-médicaments (médicaments de synthèses) utilisés par la médecine moderne. Le fait est que de nombreuses personnes moins nanties n’ont pas accès à cette dernière pour se soigner. Comme le dit l’Organisation Mondial pour la santé « À travers le monde, la médecine traditionnelle constitue soit le mode principal de prestation de soins de santé, soit un complément à ce dernier. Dans certains pays, la médecine traditionnelle ou non conventionnelle est appelée médecine complémentaire». Le retour et la valorisation de la médecine traditionnelle est impérative pour ces personnes qui n’ont pas accès à la médecine moderne et pour qui la ressource végétale est à proximité, parce que oui ! Cette médecine a soigné les gens depuis des milliers d’années.
Particularité de la zone Caraïbe
L’histoire a voulue que dans ce territoire qu’est la zone Caraïbe, se sont retrouvées des populations provenant de tous les continents du monde. Avec ces différents peuples, sont arrivées différentes cultures, différentes médecines et différentes espèces floristiques. Ce mélange de culture constitue aujourd’hui celle de la zone caraïbe telle qu’on la connaît avec toute sa diversité et ses connaissances. Le nœud de tout médecin, c’est la vision du corps et le corps de la caraïbe n’est pas celui de l’Europe.
Le réseau TRAMIL
TRAMIL est une structure de recherche qui a pour but de revaloriser les médecines traditionnelles et de les incorporer dans les systèmes de santé primaire. Il englobe des scientifiques provenant de presque la totalité des pays de la zone Caraïbe. Aucune vente de produits n’est effectué par le réseau, mais celui-ci donne une grande place à la diffusion des résultats. La divulgation de l’information sur les propriétés des plantes est basée sur des données scientifiques connues et validées à partir de tests standardisés, qui ont pour objectif de confirmer les usages traditionnels. Un guide regroupant les données recueillies sur la pharmacopée végétale caribéenne est disponible.
Principes des plantes
Les plantes ne possèdent pas de principes actifs, mais plutôt des substances actives. Chaque parties possèdent des substances actives (fleurs, feuilles, tiges, racines). Une seule plante possède plusieurs substances actives qui pour certaines se comptent par centaines. Afin d’extraire ces substances actives, différents solvants peuvent être utilisés. En Martinique, il y a l’éthanol, notre rhum national !
L’atelier d’alcoolature
La formation a pour but d’apprendre à fabriquer des phyto-médicaments avec des plantes qui sont à portée de main. L’utilisation de plantes et de solvants (l’éthanol provenant des rhumeries martiniquaises) qui sont disponibles dans l’immédiat permet d’éviter toute dégradation de l’environnement et encourage un cycle vertueux de consommation.
Une première substance active extraite lors de l’atelier est présente dans les feuilles de basilique et une deuxième dans les fleurs de moringa. Suite à la récolte, les parties des plantes sont rincées afin d’éliminer tous types de dépôts qui pourraient se retrouver sur la plante. Ensuite celles-ci sont ciselées afin de briser leurs parois cellulaires et ainsi faciliter l’extraction de la substance active. Finalement, après un dosage méticuleux du végétal et du solvant, on inocule la partie de la plante dans l’éthanol. La plante devra rester un certain temps dans l’éthanol avant que les substances actives soient extraites.
Participer aux ateliers
En plus des ateliers qui auront lieu une fois par mois au Domaine de Fonds Moulin, M. Nossin donne régulièrement des conférences sur le sujet en Martinique. De plus, l’organisation des jardins partagés de l’anse Gaïac organise des formations d’alcoolature. Dans un esprit de partage, l’organisation a fait appelle à M. Nossin qui a pour mission personnelle de transmettre l’information disponible.
Mariska Desmarquis
[…] ses livres, l’auteur examine les rapports que les antillais entretiennent avec le végétal et plus particulièrement avec les plantes rituelles qui favorisent l’établissement de la […]